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Iman Negm : Le problème n’est pas le prix du dollar mais sa disponibilité

Marwa Hussein, Samedi, 30 avril 2016

Iman Negm, économiste auprès de la banque d'investissement Prime, qui s’exprime sur l’investissement et la croissance en Egypte.

Iman Negm

Al-Ahram Hebdo : Selon le baromètre des affaires du Centre égyptien des études économiques, les milieux d’affaires font état de préoccupations quant à la régression de l’activité économique. Cela correspond-il à vos observations ?
Iman Negm : La croissance des investissements privés est devenue négative. Nous avons réclamé une baisse des taux d’intérêt mais cela est compliqué pour contrer l’inflation. Le vrai problème qui gêne le secteur privé est un problème institutionnel et de régulation : la bureaucratie rend très difficiles les affaires en Egypte. Pour obtenir une licence ou un permis, l’investisseur doit passer parfois par des dizaines de bureaux, alors que pour commencer une affaire à Dubaï, cela se fait en ligne et ne prend que quelques heures. Le rapatriement des profits n’est pas clair, ce qui n’encourage pas non plus les investisseurs. De plus, le gouvernement attire les liquidités du secteur privé avec des taux d’intérêt de 16 % sur les bons de trésor.

Comment le taux de change affecte-t-il la décision d’investir en Egypte ?
— Le problème n’est pas le prix du dollar mais sa disponibilité, c’est pourquoi davantage de dévaluation serait inutile. Tant que le marché noir persistera. Si par exemple, le prix officiel du dollar est fixé à 12 L.E., il serait à 15 L.E. sur le marché noir et ainsi de suite. La seule solution maintenant est les aides et prêts extérieurs, soit des pays du Golfe ou de la Banque mondiale. Mais il s’agit de tranquillisants. Le problème est le manque de flux de devises. Les transferts des expatriés égyptiens ont enregistré une baisse sans précédent depuis 4 ans et l’Egypte a des obligations en dollar qu’elle devra honorer bientôt dont 700 millions de dollars au Club de Paris en juillet prochain, et 1 milliard au Qatar, sans mentionner les arriérés des entreprises de pétrole.

— La consommation locale a souvent été la bouée de sauvetage de la croissance économique en Egypte. Peut-elle encore soutenir la croissance ?
— La croissance de la consommation locale a baissé d’un taux compris entre 6 et 8 % en 2013 à 4 % en 2014 et 2,7 % en 2015. Nous prévoyons 3 % cette année. Elle a souvent soutenu l’économie mais avec la hausse de l’inflation, la croissance réelle des salaires devient négative. Les salaires dans le budget 2016/17 vont croître de seulement 8 %, alors que d’habitude, ils augmentaient d’environ 20 %. Ce sont les investissements gouvernementaux qui soutiennent plus ou moins la croissance .

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