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David Plouffe : nous avons déjà plus de 10 000 chauffeurs en Egypte

Marwa Hussein, Mardi, 15 mars 2016

David Plouffe, membre du conseil d'administration d'Uber, explique les opportunités et les défis de ce nouveau service de transport, alors que la polémique bat son plein en Egypte. Entretien.

David Plouffe
David Plouffe, membre du conseil d'administration d'Uber.

AL-AHRAM HEBDO : Les régulations d’Uber sont-elles les mêmes dans tous les pays où vous travaillez ?

David Plouffe : Nous examinons la situation au cas par cas. Certains pays adaptent les régulations à leur situation, d’autres en ajoutent de nouvelles. L’idée de base reste pourtant la même. Elle est conforme aux exigences de sécurité, et garantit dans certaines villes l’interception des véhicules. Les régulations adoptées au cours des deux dernières années essayent néanmoins d’éviter d’imposer trop de restrictions aux chauffeurs potentiels. Les anciennes régulations exigent des chauffeurs à temps plein, avec un minimum d’heures de travail par semaine, mais cela n’est plus le cas. Aujourd’hui, toute personne peut s’improviser chauffeur pour quelques heures par semaine. C’est le principe que nous essayons d’appliquer partout.

Votre service de transport rencontre des contestations de la part des chauffeurs de taxi dans plusieurs pays. Quelle est votre stratégie pour surmonter cet obstacle ?

— Dans certains pays, nous avons une plateforme Uber/taxi, beaucoup de chauffeurs de taxi travaillent pour Uber aussi ou se convertissent carrément. Ceci est une option pour les chauffeurs qui sont propriétaires de leurs véhicules. Mais d’autres travaillent souvent pour le compte d’un patron qui a plusieurs taxis. Ces propriétaires de véhicules qui font travailler des chauffeurs de taxi ne vont jamais vouloir avoir une compétition. Nous ne nous adressons pas à eux, car la discussion ne va mener nulle part. Nous parlons plutôt aux chauffeurs eux-mêmes pour leur expliquer que nous ne nous disputons pas le marché, que nous essayons plutôt de le développer. Bien sûr, il y a une compétition partielle avec le taxi, mais les deux marchés peuvent coexister. Il y aura donc une compétition mais aussi plus d’opportunités. Nous avons déjà plus de 10 000 conducteurs en Egypte, et nous souhaitons faire le même progrès au niveau de la réglementation.

Cela implique-t-il une modification des lois existantes pour les chauffeurs de taxi ?

En principe non. Il est vrai que certains pays ont dû le faire, mais en général, il suffit de créer un nouveau cadre pour Uber, c’est beaucoup plus facile. Cela nous permet de mener des programmes de formation, d’aider des gens en difficulté économique de trouver un emploi, etc.

Le paiement des taxes pose apparemment problème, c’est souvent le principal reproche émis par les chauffeurs de taxi ...

— L’argent échangé sur notre plateforme peut être facilement tracé. En tant qu’entreprise, nous payons bien entendu nos impôts. Dans certains pays, on est responsable de collecter les impôts des chauffeurs. Dans d’autres, ces derniers sont responsables de les verser directement.

Le cas égyptien ne semble pas être une exception, car vous avez eu des problèmes identiques dans d’autres pays ...

— En France, nous avons un business florissant, mais nous aimerions avoir plus de clarté pour légaliser l’usage de sa propre voiture dans le cadre du service Uber. En Inde, il y a une sorte de coopération avec le gouvernement. Dans d’autres pays, nous travaillons avec des associations sans but lucratif, dans la lutte, par exemple, contre la conduite en état d’ébriété en offrant aux gens un moyen sûr de rentrer chez eux ... En effet, quel que soit le pays, de Mexico City, aux Philippines, de New South Wales à l’Australie, une chose est sûre : les clients accueillent très bien notre service et apprécient sa valeur.

L’Inde est l’un des pays où vous avez le plus réussi. Qu’est-ce qui a permis le développement rapide d’Uber dans ce pays ?

— En Inde, il y avait déjà un cadre légal pour le covoiturage, ce qui a facilité déjà de situer notre service. En outre, le gouvernement indien a vite réalisé que notre service est susceptible de créer des emplois, d’offrir de nouvelles possibilités de transport dans un pays connu pour ses problèmes de circulation. Nous avons aussi des partenariats avec des ONG en Inde, notamment pour aider les chauffeurs potentiels à financer l’achat de leurs voitures.

— La concurrence ne vous inquiète-t-elle pas ?

— Bien que nous soyons les seuls à offrir ce genre de service au niveau international, nous avons des concurrents locaux et régionaux, et sans doute, ils seront plus nombreux demain. En Egypte, à titre d’exemple, beaucoup de conducteurs d’Uber travaillent pour Careem et vice-versa. Avec la concurrence, on trouvera des chauffeurs avec plusieurs applications sur leurs portables, pourquoi pas ? Cela accroît les possibilités devant les chauffeurs. Quant à nous, la compétition nous pousse à plus d’innovation, à améliorer notre service efficace, et finalement pour les clients, les gens sont sûrs de trouver un taxi où qu’ils soient. C’est un défi que nous acceptons volontiers.

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