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Nabila Makram : Le gouvernement émettra prochainement des certificats en euro

Amira Doss, Mardi, 08 mars 2016

Le ministère de l’Emigration et des Affaires des Egyptiens à l'étranger, a émis, en coopération avec la Banque Central d'Egypte (BCE), des certificats d'épargne en dollars destinés aux expatriés. La ministre, Nabila Makram, revient ici sur cette initiative qui vise à faire face à la pénurie de devises.

Nabila Makram : Le gouvernement émettra prochainement des certificats en euro
Nabila Makram

Al-ahram Hebdo : D’où vient votre idée de créer des comptes d’épargne en devise étrangère ?

Nabila Makram : Lors de mes nombreuses visites à l’étranger, que ce soit aux Etats-Unis, en Australie ou dans les pays du Golfe, j’ai rencontré de nombreux Egyptiens qui résident dans ces pays et qui souhaitaient transférer en Egypte leurs épargnes en devises étrangères. Certains avaient la volonté d’investir en Egypte. Leurs craintes étaient de faire face à la routine et à la bureaucratie. D’où l’idée de leur trouver une formule qui leur permettrait de réaliser ces objectifs. Mais ce n’est qu’un début. Car une fois que cette idée sera mise en place et commencera à porter ses fruits, nous envisagerons d’autres projets pour encourager les Egyptiens à investir en Egypte en devises étrangères.

— Comment comptez-vous dissiper leurs craintes et les persuader de souscrire à ces comptes ?

Nabila Makram : Le gouvernement émettra prochainement des certificats en euro

— Tout d’abord, ces certificats qui portent le nom de « Béladi » (ma patrie) sont garantis par la Banque Centrale d’Egypte (BCE). Ce qui donne à ces placements une forme institutionnelle. J’ai travaillé avec une équipe d’experts de la BCE et des trois banques nationales qui délivreront ces certificats, à savoir la Banque Misr, la Banque Nationale d’Egypte et la Banque du Caire. Nous avons tout fait pour attirer cette tranche de la population (les résidents à l’étranger), en leur offrant le plus haut taux d’intérêt en dollars du marché mondial. Ce taux est de 3,5 % pour les certificats d’un an, de 4,5 % pour les certificats de 3 ans, et de 5,5 % pour ceux de 5 ans. La vente de ces certificats, dont la valeur minimale est de 100 dollars, se fera à travers les sites électroniques des trois banques.

— Pensez-vous qu’il y ait un manque de confiance entre les banques et les individus en Egypte ?

— Nous savons tous qu’il y a des dollars dans le pays et que les gens ne les placent pas en banque à cause de leurs craintes ou à cause du fait que le taux d’intérêt qui y est offert est très bas. Le plus important est de créer une relation de confiance entre l’Etat et les citoyens. Nous avons mis en place une série de mesures qui facilitent la récupération de la valeur de ces épargnes en dollars et non en L.E. Et ce n’est pas tout. Ce sont les banques qui assumeront les coûts de l’émission de ces certificats et non pas les clients. C’est donc un gagnant-gagnant pour tout le monde. Car, d’une part, cette idée permettra de résoudre la crise actuelle du dollar et le manque de devises étrangères dans les banques égyptiennes. Et d’autre part, elle incitera les Egyptiens résidant à l’étranger à renforcer leurs liens avec leur pays natal.

— Comment les Egyptiens à l’étranger ont-ils accueilli cette idée ?

Au lendemain de la conférence de presse durant laquelle nous avons annoncé le lancement de ces certificats, nous avons reçu des milliers de demandes de la part de personnes intéressées qui voulaient s’informer sur le système de souscription, les conditions posées et les taux d’intérêt offerts. Le site électronique du ministère ne cesse de recevoir des questions de la part d’Egyptiens résidant aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Dès leur lancement dans les banques, nous avons été surpris par le nombre d’Egyptiens qui se sont précipités pour les acheter. Nous avons décidé de faire tous les 10 jours un communiqué dans lequel nous annoncerons les chiffres exacts des certificats vendus. Nous ne sommes pas tenus par un nombre précis de certificats. Ce qui est important c’est de parvenir à créer un afflux de dollars vers les banques égyptiennes pour combler le déficit actuel et faire bouger l’économie. Je suis très optimiste, car l’accueil de ces certificats a dépassé de loin mes attentes.

— Est-ce que vous envisagez de lancer d’autres certificats en euros ou en d’autres devises ?

— Pour les certificats en euros, cela se fera dans un futur très proche. Je me rendrai bientôt à Copenhague pour assister au forum des jeunes d’Europe. Je sais que les deuxième et troisième générations d’Egyptiens nées en Europe sont très attachées à l’Egypte. Nous allons donc nous adresser à toutes les catégories d’âges et de professions : les médecins, les ingénieurs ou même les étudiants. Nous offrons des certificats qui conviennent à tous les budgets. Et ce n’est pas tout. J’ai aussi l’intention de me rendre dans les pays africains. Nous allons également proposer à nos ressortissants qui résident dans ces pays des certificats d’investissements. Cela servira également à nous rapprocher de ces pays.

— Comment allez-vous promouvoir la vente de ces certificats à l’étranger ?

— Je me suis adressée à des personnalités influentes pour qu’elles expliquent l’utilité de ces placements aux Egyptiens. C’est le cas du pape Tawadros qui vient de lancer un appel aux Egyptiens qui résident à l’étranger, pour les inciter à acheter les certificats. Et ce, pour soutenir l’économie de leur pays, actuellement en crise. On pourrait également s’adresser à des Egyptiens qui occupent des postes importants à l’étranger. Nos consulats vont organiser une série d’activités pour la promotion de ces placements bancaires. Nous comptons également recruter des agences de relations publiques et d’e-marketing pour expliquer simplement les différentes démarches à faire pour ceux qui souhaitent souscrire à ces placements. Ce qui compte c’est de garantir la réussite de ces certificats et d’éviter les erreurs qui ont été commises dans le passé.

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