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Ossama Kamel : Tout verdict émis par des organismes de jugement internationaux est inquiétant

Osmane Fekri, Lundi, 14 décembre 2015

Ossama Kamel, ancien ministre du Pétrole, s’exprime sur l’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, pour l’indemnisation par l’Egypte de la compagnie d’électricité d’Israël.

Ossama Kamel

Al-Ahram Hebdo : Expliquez-nous les raisons pour lesquelles la Compagnie d’Electricité d’Israël (CEI) doit être indemnisée par l’Egypte, dans l’affaire des livrai­sons de gaz interrompues ?

Ossama Kamel : Tout d’abord, la CEI n’a pas obtenu de verdict contre le gouvernement égyptien. La CEI a intenté un procès, conjointement à la compagnie de gaz de l’est de la Méditerranée (égyptienne), contre les parties avec lesquelles elle avait signé un contrat pour l’approvisionnement en gaz, à savoir la holding égyptienne de gaz naturel EGAS et l’Organisme du pétrole. Et cela pour les préjudices subis, à cause de l’interruption des livraisons de gaz suite à une série d’attaques contre le gazoduc (dans le Sinaï, ndlr), dès février 2011. La CEI a réclamé des indemnités en raison des dommages engendrés par l’utili­sation de carburants alternatifs au gaz naturel et plus coûteux.

Quelle devrait être, à votre avis, la réponse de la partie égyp­tienne ?
— La réponse porte sur deux volets. Le volet juridique, en s’enga­geant dans des procédures d’appel de ce jugement, car l’interruption des livraisons de gaz relève d’un cas de force majeure. Ensuite, faire valoir le volet des intérêts communs, car les compagnies israéliennes et interna­tionales désirent exporter une partie de leur part du gaz découvert face aux côtes israéliennes vers l’Egypte ou l’Europe, grâce à des centrales de liquéfaction situées en Egypte.

L’arbitrage de la Chambre de commerce internationale en faveur de la CEI mérite-t-il toutes ces pro­testations contre le gouvernement égyptien ?
— Tout verdict émis par des orga­nismes de jugement internationaux est inquiétant, car il peut avoir un impact négatif sur l’investissement.

Quelles sont les chances pour l’Egypte d’obtenir satisfaction en appel ?
— Les chances de règlement satis­faisant du problème restent valides. Les parties égyptiennes concernées oeuvrent actuellement à fournir aux avocats tous les documents néces­saires pour prouver le cas de force majeure.

L’Egypte a déclaré l’arrêt de toutes les négociations sur l’impor­tation de gaz à partir d’Israël comme carte de pression ... Existe-t-il des possibilités pour des négo­ciations amicales ?

— Evidemment, des possibilités existent. C’est là même une excel­lente occasion en raison des revenus économiques importants pour les sociétés israéliennes, étrangères et les unités de liquéfaction en Egypte.

Quel compromis peut satis­faire les deux parties ?
— Celui de réaliser des profits économiques et d’éviter les impacts négatifs sur l’investissement.

L’Egypte a-t-elle encore besoin d’importer du gaz naturel, après la découverte du champ de Zahr ?
— Oui, nous en aurons encore besoin jusqu’en 2020, soit jusqu’au développement des autres champs dans les eaux profondes, afin de pal­lier la demande croissante dans les domaines de la production d’énergie et de l’industrie.

Quelle serait la meilleure politique pour subvenir aux besoins de l’Egypte en gaz natu­rel : importer, exporter ou pro­duire ?
— La meilleure politique serait d’utiliser le quotas de l’Egypte dans le développement local, en rempla­çant le butane, utilisé dans les foyers, par le gaz naturel, en adoptant des véhicules carburant au gaz naturel et en orientant la plus grande partie du quota aux industries de transforma­tion. Il faut aussi laisser la liberté aux partenaires étrangers d’exporter leurs quotas à condition que nous n’en ayons pas besoin au niveau local .

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