Al-Ahram Hebdo : Expliquez-nous les raisons pour lesquelles la Compagnie d’Electricité d’Israël (CEI) doit être indemnisée par l’Egypte, dans l’affaire des livraisons de gaz interrompues ?
Ossama Kamel : Tout d’abord, la CEI n’a pas obtenu de verdict contre le gouvernement égyptien. La CEI a intenté un procès, conjointement à la compagnie de gaz de l’est de la Méditerranée (égyptienne), contre les parties avec lesquelles elle avait signé un contrat pour l’approvisionnement en gaz, à savoir la holding égyptienne de gaz naturel EGAS et l’Organisme du pétrole. Et cela pour les préjudices subis, à cause de l’interruption des livraisons de gaz suite à une série d’attaques contre le gazoduc (dans le Sinaï, ndlr), dès février 2011. La CEI a réclamé des indemnités en raison des dommages engendrés par l’utilisation de carburants alternatifs au gaz naturel et plus coûteux.
— Quelle devrait être, à votre avis, la réponse de la partie égyptienne ?
— La réponse porte sur deux volets. Le volet juridique, en s’engageant dans des procédures d’appel de ce jugement, car l’interruption des livraisons de gaz relève d’un cas de force majeure. Ensuite, faire valoir le volet des intérêts communs, car les compagnies israéliennes et internationales désirent exporter une partie de leur part du gaz découvert face aux côtes israéliennes vers l’Egypte ou l’Europe, grâce à des centrales de liquéfaction situées en Egypte.
— L’arbitrage de la Chambre de commerce internationale en faveur de la CEI mérite-t-il toutes ces protestations contre le gouvernement égyptien ?
— Tout verdict émis par des organismes de jugement internationaux est inquiétant, car il peut avoir un impact négatif sur l’investissement.
— Quelles sont les chances pour l’Egypte d’obtenir satisfaction en appel ?
— Les chances de règlement satisfaisant du problème restent valides. Les parties égyptiennes concernées oeuvrent actuellement à fournir aux avocats tous les documents nécessaires pour prouver le cas de force majeure.
— L’Egypte a déclaré l’arrêt de toutes les négociations sur l’importation de gaz à partir d’Israël comme carte de pression ... Existe-t-il des possibilités pour des négociations amicales ?
— Evidemment, des possibilités existent. C’est là même une excellente occasion en raison des revenus économiques importants pour les sociétés israéliennes, étrangères et les unités de liquéfaction en Egypte.
— Quel compromis peut satisfaire les deux parties ?
— Celui de réaliser des profits économiques et d’éviter les impacts négatifs sur l’investissement.
— L’Egypte a-t-elle encore besoin d’importer du gaz naturel, après la découverte du champ de Zahr ?
— Oui, nous en aurons encore besoin jusqu’en 2020, soit jusqu’au développement des autres champs dans les eaux profondes, afin de pallier la demande croissante dans les domaines de la production d’énergie et de l’industrie.
— Quelle serait la meilleure politique pour subvenir aux besoins de l’Egypte en gaz naturel : importer, exporter ou produire ?
— La meilleure politique serait d’utiliser le quotas de l’Egypte dans le développement local, en remplaçant le butane, utilisé dans les foyers, par le gaz naturel, en adoptant des véhicules carburant au gaz naturel et en orientant la plus grande partie du quota aux industries de transformation. Il faut aussi laisser la liberté aux partenaires étrangers d’exporter leurs quotas à condition que nous n’en ayons pas besoin au niveau local .
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