Un gazoduc en feu suite à un attentat dans la ville d'Al-Arich, au Nord-Sinaï, en 2011.
(Photo:Reuters)
Le récent désaccord entre l’Egypte et Israël sur les questions d’échange de gaz naturel pourra être résolu par un compromis. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a annoncé l’envoi d’un émissaire au Caire pour trouver une « solution ».
La semaine dernière, la tension est montée entre les deux pays, suite à la condamnation des compagnies égyptiennes publiques de gaz à payer une indemnité de 1,76 milliard de dollars à la Compagnie d’Electricité d’Israël (CEI). La décision prise par la Chambre de Commerce Internationale le 4 décembre vise à compenser Israël des pertes financières provoquées par l’arrêt des fournitures de gaz égyptien depuis 2011.
« Je crois que l’on trouvera une solution, car il y a des intérêts stratégiques pour les deux pays », a dit Netanyahu, lors d’une réunion de la commission économique du Knesset. « Les deux pays ont des intérêts communs, et la position des deux parties dans les négociations est équilibrée », affirme à l’Hebdo un expert pétrolier, ayant requis l’anonymat.
Le gouvernement égyptien a déclaré son intention de faire appel au jugement. Le premier ministre, Chérif Ismaïl, lui-même ancien ministre du Pétrole, a annoncé que l’appel serait déposé dans les six semaines.
L’Egyptian General Petroleum Corporation (EGPC) et La Société holding pour le gaz naturel (EGAS), responsables des livraisons de gaz et de l’opération du pipeline, ont affirmé dans un communiqué avoir « reçu des instructions du gouvernement égyptien de geler les négociations pour importer du gaz des champs israéliens ou d’accorder des approbations d’importations jusqu’à ce que la position légale concernant l’arbitrage et ses résultats soient claires ».
La décision de la chambre de commerce internationale stipule également que EGPC et EGAS versent 288 millions de dollars à la compagnie privée East Mediterranean Gas company (EMG), le consortium regroupant des partenaires israéliens et égyptiens, qui assure l’exportation vers Israël. C’est EGM qui a déposé plainte devant la Chambre de commerce en Suisse en faveur de la CEI.
Le porte-parole du Conseil des ministres égyptien a affirmé que le gouvernement n’était pas directement impliqué dans l’arbitrage et que les compagnies de gaz, en collaboration avec la société de consultation légale, Shearman&Sterling, se chargeront des procédures d’appel devant les tribunaux suisses.
La compagnie d’électricité d’Israël a de son côté affirmé qu’elle chercherait un moyen d’appliquer la décision d’arbitrage à travers le dialogue avec les compagnies égyptiennes de gaz.
L’Egypte était, depuis 2008, en vertu d’un contrat de 20 ans, le principal fournisseur de gaz naturel à l’Etat hébreux, en assurant plus de 40 % de gaz naturel, utilisé dans la production d’électricité dans ce pays. En 2012, les livraisons ont été officiellement suspendues après des attaques répétitives dans la péninsule du Sinaï, contre le gazoduc acheminant le gaz égyptien vers Israël et la Jordanie. Mais l’Egypte, exportatrice, est devenue importatrice de gaz naturel depuis 2011, vu la baisse de la production du gaz.
Les propos non agressifs des deux parties laissent entrevoir la possibilité d’un compromis, mais c’est surtout les intérêts communs des deux pays qui poussent à croire qu’un accord est probable. D’une part, il est dans l’intérêt d’Israël d’exporter du gaz naturel à l’Egypte à partir du champ Leviathan, découvert en 2010 dans la Méditerranée.
Dolphinus holding, dirigé par l’homme d’affaires égyptien Alaa Arafa, a signé en novembre une lettre d’intention avec Leviathan israeli Partners (Groupe Delek et Noble Energy) pour importer du gaz du champ Leviathan. Dolphinus devrait recevoir 4 milliards de m3 de gaz par an sur 10-15 ans, une fois l’accord finalisé. En mars, Dolphinus avait conclu un contrat de 7 ans pour importer du gaz d’un autre champ israélien, Tamar. Alaa Arafa n’était pas joignable ces derniers jours. Il avait déclaré à Daily News Egypt qu’il avait été informé de la nécessité de suspendre les négociations autour de ces accords avec Israël.
La suspension des négociations autour de futures exportations risque d’empêcher Israël de tirer bénéfice de ses récentes découvertes gazières. Le gaz israélien devrait être acheminé vers l’Egypte à travers le gazoduc d’EGM, liant Israël au Sinaï, dans lequel Israël s’est investi.
Selon toutes les prévisions, l’Egypte restera pays importateur de gaz pour des années à venir. Et ce, malgré la récente découverte, annoncée en août dernier, par le géant italien ENI, d’un important gisement offshore de gaz dans les eaux de la Méditerranée. « La production des champs gaziers égyptiens sont en baisse, la découverte d’ENI va alléger les pressions et compenser une partie de la baisse de production, mais ne va pas couvrir tous les besoins du pays », indique le même expert pétrolier ayant requis l’anonymat.
« Pour nous, importer d’Israël restera moins cher. Alors que pour Israël exporter le gaz à l’Egypte à travers le gazoduc est plus profitable », ajoute-t-il .
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