Christine Lagarde, directrice du FMI, et Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, lors des réunions de Lima.
(Photos : Reuters)
Lima (Pérou),
De notre envoyée spéciale —
Ralentissement économique mondial, baisse des prix des matières premières et des cours du pétrole, crise des réfugiés en Europe ... Les réunions d’automne du groupe Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI), tenues à Lima (Pérou) du 8 au 11 octobre, tombent cette année à un moment difficile pour l’économie de la planète. « Plus de 10 000 participants ont fait le déplacement au Pérou, à l’autre bout de la planète, pour débattre des questions économiques importantes qui permettront de dessiner les grands traits de l’économie de la période à venir », précise Maurice Obsfeld, conseiller économique et directeur des études au FMI. Il poursuit : « Tous les pays sont allés au Pérou avec une seule question en tête : comment la crise chinoise se reflétera sur l’économie de leurs économies respectives ». Car le monde fait depuis peu face à un ralentissement économique avec la baisse des cours du pétrole, des matières premières et des décisions de la Chine de réduire la valeur de sa monnaie, le yuan. A cet égard, le rapport intitulé « Perspectives de la croissance mondiale » du FMI, publié en marge des réunions, révise à la baisse le taux de croissance mondiale pour atteindre 3,1 % en 2015, soit une chute de 0,2 % par rapport aux prévisions de juillet 2015, et de 0,3 % comparé aux prévisions de 2014. « L’économie mondiale passe actuellement par une période critique et fait face à de nombreux défis. Cela ne touche pour l’instant que les pays développés, mais les pays en voie de développement connaîtront cet impact prochainement », dit Obsfeld. Le rapport prévoit, pour la 5e année consécutive, une baisse de la croissance des pays en développement en 2015 pour atteindre 4 %, contre des prévisions de 4,6 % en 2014. Pour Christine Lagarde, directrice exécutive du FMI, il est juste que l’économie mondiale assiste à un ralentissement, mais la situation ne doit pas être si alarmante. « La croissance est toujours là, à des pourcentages limités. Notre rôle est de coopérer pour surmonter cette période critique », dit-elle, avant d’inviter les pays membres du FMI à discuter des obstacles à la croissance : « Aucun pays ne pourra surmonter seul la crise. La coopération internationale est le mot-clé pour venir à bout des obstacles à la croissance internationale », ajoute-t-elle.
Croissance faible
La région du Moyen-Orient, comme le note Thomas Helbing, chef des recherches au FMI, fait face également à plusieurs défis, et surtout à la baisse des prix du pétrole, ce qui menace la croissance de la région. La BM envisage, dans un communiqué publié en marge des réunions, un taux de croissance faible au Moyen-Orient : soit 2,8 % en 2015. Un taux qui devrait être revu à la baisse au cours des deux prochaines années. Selon Helbing, quelques pays du Moyen-Orient font toutefois exception à ce ralentissement, avec l’Egypte en tête de la liste, car « la situation commence à s’y stabiliser avec les réformes économiques récemment entamées, et la stabilité sécuritaire qui va se réinstaller pour maintenir un bon taux de croissance ». A cet égard, le rapport « Perspectives de la croissance mondiale » maintient, contrairement à quelques pays dans la région, ses prévisions de croissance pour l’Egypte lors des deux prochaines années : à savoir 4,2 % en 2015, et 4,3 % en 2016. De son côté, le redressement de l’économie iranienne, qui devrait réaliser des taux de croissance de plus de 4 % en 2015 et 2016, est un autre phénomène qui pourrait maintenir l’équilibre dans la région, selon Helbing.
Flux des migrants
La question des flux de migrants vers l’Europe et l’impact sur les économies arabes ont été l’autre sujet principal des réunions. « C’est une question qui menace le monde entier. Avec d’abord les pays du Moyen-Orient, et les pays européens qui n’échappent pas non plus à cette crise », a dit Lagarde lors d’une conférence de presse à Lima. « C’est une crise qui possède un aspect humanitaire, et donc le FMI est prêt à soutenir les pays qui accueillent des réfugiés », dit-elle. Des pays comme la Jordanie, le Liban, la Tunisie, et l’Iraq ont souffert d’un tel fardeau économique, et Lagarde insiste pour assurer l’assistance financière « des pays possédant avec nous des programmes, comme la Tunisie et le Liban, et présenter des assistances techniques aux autres ».
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