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Chine : Quel impact pour le mini-krach boursier ?

Myriam Berber (RFI), Mardi, 04 août 2015

Pékin a vite réagi pour contenir l'impact économique de la chute boursière qui hante le dragon.

Chine : Quel impact pour le mini-krach boursier ?
Les Bourses de Shanghai et Shenzhen ont perdu 30 % au cours du mois de juillet. (Photo : AP)

Il n’y a pas que la Grèce qui inquiète les marchés. La situation en Chine préoccupe également les investisseurs. Depuis près d’un mois, les Bourses de Shenzhen et de Shanghai ont plongé d’environ 30 %. Les autorités ont déployé une batterie d’annonces chocs censées restaurer la confiance. Des annonces qui ont plutôt contribué à renforcer l’impression de panique générale. Cette grande nervosité sur les principales Bourses chinoises — Hongkong comprise — a été à nouveau constatée en début de semaine quand Shanghai a plongé de plus de 8 % ce lundi, avant de se ressaisir le lendemain, revigorée par une batterie de nouvelles mesures qui ont limité les pertes …

Après avoir gagné plus de 50 % en 2014 et sur les cinq premiers mois de 2015, les Bourses de Shanghai et de Shenzhen ont perdu 30 % au cours du mois de juillet. Ce sont près de 3 000 milliards de dollars qui se sont ainsi volatilisés sur les marchés chinois. Ce qui représente plus du tiers du produit intérieur brut du pays.

Plusieurs raisons expliquent ce mini-krach boursier. Fin 2014, à la surprise générale, la Banque Centrale de Chine a décidé de baisser ses taux directeurs afin de relancer la machine économique. Par ricochet, cette baisse des taux a favorisé les marchés d’actions qui devenaient plus attractifs.

Plus de 90 millions de boursicoteurs

De nombreux ménages ont alors déserté l’immobilier et se sont tournés vers la Bourse pour placer leurs économies. Des ménages largement encouragés par le gouvernement qui, ces deux dernières années, a poussé les petits épargnants à acheter des actions afin de doper l’investissement dans les entreprises nationales, en mal de financement. Résultat, on compte désormais en Chine plus de 90 millions de boursicoteurs.

Un autre facteur a contribué à cette importante hausse des Bourses chinoises. Un nombre important de particuliers et d’entreprises ont eu recours à des techniques boursières particulièrement risquées : les opérations sur marge. Autrement dit, ils ont emprunté auprès de courtiers pour acheter des actions, ne déboursant qu’une petite partie des sommes nécessaires pour garantie.

Freiner cette bulle

Pour freiner cette bulle, le régulateur boursier chinois a décidé de limiter et d’encadrer le recours à ce type d’opérations boursières. Immédiatement après l’annonce de ces mesures restrictives, le marché a perdu pied et les indices chinois ont plongé. Sous la pression des courtiers, les petits porteurs ont paniqué, vendant dans l’urgence et à n’importe quel prix. Ce qui a accéléré la panique et la chute des marchés.

Pour faire ralentir cette panique sur les marchés, Pékin a multiplié les mesures. Il a annoncé une suspension provisoire des introductions en Bourse, une diminution du taux des réserves obligatoires des banques et même une baisse des frais de courtage. Le gouvernement a également annoncé des restrictions sur la manière dont les investisseurs peuvent emprunter. Pour le moment, ces mesures exceptionnelles semblent fonctionner. Mais tout cela reste des dispositions à court terme.

Travailler sur le long terme

Pour bon nombre de spécialistes, le gouvernement doit également travailler sur le long terme et, pour cela, engager des réformes cruciales. D’abord, améliorer la qualité des entreprises cotées dont les titres ont bondi en Bourse, sans aucun rapport avec leur performance économique. Ensuite, établir un solide réseau d’investisseurs institutionnels en contrepoids à la masse de petits porteurs. Enfin, ouvrir davantage les marchés chinois aux investisseurs étrangers.

Même si les effets de contagion semblent limités, cette débâcle boursière est un motif d’inquiétude supplémentaire : Quel va être son impact sur une économie chinoise qui tourne au ralenti. Le secteur manufacturier continue de se contracter, la consommation des ménages ne reprend pas et le commerce extérieur chinois s’est contracté de près de 7 % en raison d’une baisse des échanges avec son principal partenaire commercial, l’Union européenne. Résultat : après un taux de 7,4 % en 2014, Pékin devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance depuis 25 ans.

Pourtant, selon les spécialistes, cette crise boursière devrait avoir un impact modéré sur l’économie réelle et la consommation chinoise, et cela pour deux raisons. Premier point, malgré ce plongeon, la Bourse de Shanghai reste en hausse de 90 % sur un an. Second et dernier point, même si une grande majorité des investisseurs en Chine sont des particuliers, les portefeuilles boursiers ne représentent qu’une petite partie des économies des ménages chinois. Seuls 20 % de la richesse des ménages sont placés en Bourse.

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