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La Banque mondiale modérément optimiste

Marwa Hussein, Lundi, 29 juin 2015

En dépit d'un ton positif, le rapport de la Banque mondiale sur l'économie égyptienne reste prudent.

La Banque mondiale modérément optimiste
Les marchands ambulants, symptôme de la crise du chômage. (Photo:AP)
L’activité économique en Egypte prend de l’ampleur, mais plusieurs risques persistent, indique un rapport de la Banque Mondiale (BM) sur l’économie égyptienne, intitulé « Ouvrir la voie à une reprise durable ».
Le rapport qui, en général, garde un ton positif, a salué la hausse du taux de croissance économique passé à 5,6 % au cours du premier semestre de l’année fiscale 2014/15 contre 1,2 % pour la même période de l’année précédente, signalant le début d’une reprise économique. Ainsi, la croissance économique prévue pour 2014/2015 est 4,3 % contre 2 % en moyenne les quatre dernières années.
Selon les économistes de la BM, la croissance sera soutenue par la consommation encouragée par les transferts des Egyptiens travaillant à l’étranger, une hausse des salaires des fonctionnaires publics et le contrôle de l’inflation alimentaire.
Une augmentation des investissements privés ainsi que des investissements publics dans l’infrastructure, l’atténuation de la crise du secteur de l’énergie en partie grâce à la baisse des cours internationaux du pétrole sont aussi favorables à la croissance qui devra atteindre 5 % en 2017. Mais à condition que « les problèmes structurels de l’Egypte, notamment le climat d’affaires encombrant et les conditions rigides du marché du travail, soient redressés », souligne le rapport. En fait, les projections de la Banque mondiale restent plus réservées que celles du gouvernement qui prévoit une croissance de 5 % pour l’année fiscale actuelle qui commence en juillet.
Dans le rapport, les économistes ont exprimé leur crainte qu’une mise en oeuvre manquée ou lente des réformes économiques, surtout la réforme fiscale, ne puisse résulter en une croissance inférieure à celle prévue par le gouvernement.
En fait, la Banque mondiale craint que le gouvernement ne parvienne pas à soutenir la croissance, alors que la situation sécuritaire reste fragile et que l’agenda de certaines réformes économiques reste ambigu.
Deux scénarios
La Banque mondiale modérément optimiste
« Nous avons récemment rencontré l’équipe de la Banque mondiale. Elle estime que les prévisions du gouvernement sont exagérées. Leur vision reste cependant positive vu la stabilité politique relative par rapport aux trois dernières années », affirme à Al-Ahram Hebdo Amr Adly, chercheur au Carnegie Moyen-Orient. Adly estime que les inquiétudes de la BM quant aux réformes sont justifiées vu l’ambiguïté qui entoure la mise en application de l’impôt foncier et de la taxe sur la valeur ajoutée. « Le manque de transparence a atteint son niveau le plus inférieur durant les 10 dernières années. Ceci porte atteinte à la visibilité nécessaire à l’investissement », souligne-t-il.
Le rapport avance deux scénarios, prévoyant tous les deux une hausse de la croissance, une baisse du taux de chômage, un redressement de la balance des paiements et une augmentation des réserves de change. Toutefois, l’un des scénarios est moins brillant que l’autre, au cas où les réformes fiscales prévues ne seraient pas intégralement mises en place (voir graphiques). Il s’agit notamment de la baisse de l’impôt sur les revenus (25 % pour les individus et 30 % pour les entreprises) à un maximum de 22,5 % pour les deux tranches, ainsi que la baisse de la taxe des ventes des équipements industriels et la stabilisation des taxes et impôts sur les 10 prochaines années.
« Il n’est peut-être pas sage d’élever les taxes dans les conditions actuelles, mais nous soufrons d’un problème structurel. Les revenus fiscaux sont trop bas. Ils représentent 12 ou 13 % du PIB qui est parmi les plus inférieurs au monde », dit Amr Adly.
Le rapport prend aussi en considération les réformes impliquées dans la nouvelle loi sur l’investissement telles la facilitation et l’accélération des procédures d’enregistrement et l’introduction d’un nouveau cadre juridique pour la résolution des litiges. « Sur le front budgétaire, (...) ces réformes doivent générer des gains sur le long terme, mais l’impact sur le court terme est quelque peu incertain », lit-on dans le rapport.
Amr Adly explique que la Banque mondiale, et plus encore le Fonds monétaire international partagent certaines inquiétudes sur l’impact du financement du déficit budgétaire à travers l’endettement des banques égyptiennes, ce qui affecte le financement accordé au secteur privé et le rend plus coûteux.
Le déficit budgétaire reste un grand défi pour le gouvernement. Ce dernier prévoit un déficit de 9,9 % en 2015/16 contre 10,8 % l’année précédente. Des prévisions trop optimistes comparées à celles de la Banque qui prévoit un déficit budgétaire de 10,6 % en 2015/16 et de 10 % l’année suivante.
Quant aux indicateurs économiques qui portent une dimension sociale, comme les taux de chômage, de l’inflation et de la pauvreté, le bilan de la BM est mitigé. Le taux de chômage est l’indicateur le plus notable. Celui-ci à été réduit à 12,9 % au cours du dernier trimestre de 2014 contre 13,4 % pour la même période de l’année précédente.
« Cependant, il reste supérieur de 4 % aux taux atteints avant le ralentissement économique en 2011 », souligne le rapport. Ce qui inquiète le plus est la hausse du chômage parmi les jeunes entre 15 et 29 ans qui représentent 63 % des 3,6 millions de chômeurs. Alors que la tendance inflationniste persiste avec un taux de 10,6 % au cours des 8 premiers mois de l’année fiscale. L’inflation a été alimentée par la hausse des prix du carburant, les deux hausses des taxes de vente sur les cigarettes et les boissons alcooliques, ainsi que la dépréciation de la livre égyptienne. Cependant, l’inflation de base qui omet les produits dont les prix sont réglementés ou volatils reste dans les 8,4 %, grâce à la politique monétaire de la Banque Centrale, mais aussi grâce à la baisse de l’inflation importée et du prix de l’euro, selon le rapport.
Finalement, le taux de pauvreté reste élevé touchant 26,3 % de la population en 2013. La Banque mondiale estime que la mise en place d’un réseau de sécurité sociale et l’allocation des sommes épargnées, grâce à la baisse des subventions à des projets sociaux et des programmes de formation adaptés au marché du travail, sont primordiales pour réussir la réforme économique.
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