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De l’essence à la carte

Marwa Hussein, Mardi, 12 mai 2015

Le système de carte magnétique pour le carburant subventionné sera introduit dans les stations d'essence à partir du mois de juin. Il fait partie d'un plan global de « subventions ciblées ».

De l’essence à la carte
Les cartes magnétiques permettront au gouvernement d'économiser plusieurs milliards de livres égyptiennes.

A partir de mi-juin, tout propriétaire de véhicule est censé avoir une carte électronique pour faire le plein, selon une décision du premier ministre, Ibrahim Mahlab. La décision, annoncée le 10 mai, stipule aussi que les camions, qui transportent des produits pétroliers et qui délivrent leurs cargaisons aux stations d’essence seulement, paient le coût de production et non le prix subventionné.

Selon le porte-parole du ministère du Pétrole, Hamdi Abdel-Aziz, le coût de production d’un litre d’octane 80 est estimé à 3 L.E., celui d’octane 92 à 4,90 L.E. contre un prix de vente aux consommateurs de 1,6 L.E. et 2.6 L.E. respectivement. Pour le gasoil, le litre est vendu à la pompe à 1,8 L.E., alors que, toujours selon la même source, son coût de production est de 4,45 L.E. Les nouveaux prix non subventionnés n’ont toutefois pas été officiellement annoncés.

Ainsi, les quantités vendues en dehors du nouveau système ne seront plus subventionnées et seules les quantités enregistrées sur les lecteurs de cartes magnétiques dans les stations d’essence seront subventionnées.

Ce nouveau système, reporté à plusieurs reprises au cours des deux dernières années, sera appliqué graduellement. D’ici mi-juin, les propriétaires d’automobiles doivent se procurer la carte magnétique. A partir de mi-juin, le gouvernement accordera un délai qui n’a pas encore été déterminé. Durant ce délai, les stations d’essence seront autorisées à servir les voitures sans cartes, tout en enregistrant les quantités d’essence qui leur seront fournies aux prix subventionnés. « En obligeant les stations d’essence à enregistrer les quantités consommées, le gouvernement cherche à déterminer la consommation réelle, et du coup, lutter contre la contrebande et le trafic des produits pétroliers subventionnés », explique Amr Badawi, adjoint du ministre des Finances. « L’idée est aussi de permettre aux gens de s’habituer au nouveau système et de le prendre au sérieux », ajoute-t-il.

Selon Ibrahim Sarhan, président de l’entreprise E-Finance, chargée de la gestion technique du système, plus de 3,7 millions de cartes ont déjà été distribuées aux propriétaires d’automobile. Le nombre de véhicules enregistrés auprès du ministère de l’Intérieur dépasse les 6 millions. Il existe également un nombre inconnu de véhicules circulant sans permis, comme les toc-tocs, et dont la situation devra être régularisée. Dans une étape ultérieure, le gouvernement entend intégrer dans le système les propriétaires des machines agricoles, des bateaux de pêche, et des boulangeries entre autres, qui utiliseront les cartes pour se procurer de l’essence dans les stations dans des jerricans.

Le gouvernement espère, selon Amr Badawi, économiser plusieurs milliards de L.E. grâce à ce système. « Il est difficile de donner un chiffre précis vu les fluctuations des prix mondiaux du pétrole », dit-il.

Un pas vers un système de quota

En effet, ce nouveau système fait partie d’un plan global de la baisse des subventions de l’énergie qui devront disparaître sur cinq ans. Mais en plus de la réduction des subventions, le gouvernement compte également rationaliser la consommation. Ainsi, dans une phase plus avancée du système des cartes magnétiques, le gouvernement désignera un quota d’essence subventionné par véhicule. Tout surplus consommé sera vendu au prix du marché.

« La décision actuelle n’a pas précisé de quota, mais le système permettra également dans l’avenir de fixer des prix différents pour différentes catégories de consommateurs », dit Ibrahim Sarhan. « Mais des décisions pareilles ne peuvent pas être prises en l’absence d’une base de données solide sur la consommation, ce qui sera fait avec la mise en vigueur du système », poursuit-il. Selon lui, plusieurs idées sont applicables, comme par exemple, fixer un prix plus élevé pour les ambassades ou autres organisations et institutions ou pour les voitures de luxe.

L'injustice des subventions
Dans les documents officiels y compris le budget de l’Etat, les subventions, surtout celles des carburants, sont souvent décrites comme injustes du fait que les plus riches en profitent plus que les plus pauvres.

En effet, les classes les plus aisées s’accaparent de la partie majeure des subventions à l’énergie : se sont eux qui consomment le plus d’essence et d’électricité. Un propriétaire d’un automobile 1 600 CC utilise plus d’essence subventionné que le propriétaire d’une petite voiture ou d’une motocyclette, qui, à son tour, a profité des subventions plus qu’un citoyen non motorisé.

Le gouvernement a souvent avancé ces arguments pour justifier les baisses des subventions. « Les sommes économisées seront acheminées vers d’autres dépenses de nature sociale », dit Hani Qadri, ministre des Finances. Dans cette même logique, un système de quota pourrait aider à une distribution plus équitable des carburants. Cependant, le système des cartes à puce, sous sa forme, risque d’entretenir l’injustice, étant donné que les cartes à puce sont accordées par véhicule et non par citoyen. Ce qui est déjà avantageux pour ceux qui possèdent plusieurs voitures. Une faille à laquelle le gouvernement devra remédier avant l’introduction du système de quotas.

Les subventions à l’énergie ont atteint 130 milliards de L.E. en 2013/14. Cette somme devra passer à moins de 100 milliards de L.E. en 2014/15, après une première réduction de subventions sur les carburants en juillet 2014, ainsi que grâce à la baisse des prix internationaux du pétrole au cours de l’année passée. Les subventions à l’essence et au diesel représentent 65 % des subventions à l’énergie.

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