« Comment un comptable touche un salaire mensuel de 1 000 L.E. alors qu’un autre qui a les mêmes compétences et occupe le même poste touche 7 000 L.E. ? », commente Hussein, sur la page du ministère de la Planification sur Facebook. « C’est le pire des injustices », lance ce fonctionnaire.
L’ancienne loi permettait aux ministres d’accorder, à leur guise, des bonus à leurs employés, tant que leur budget le permet. Ces bonus étaient calculés en fonction du salaire (par exemple 300 % du salaire de base). Le bonus donc augmente chaque année avec l’augmentation salariale annuelle. Alors, les ministères « riches », comme ceux des Finances, du Commerce extérieur ou du Pétrole, accordaient à leurs employés des rémunérations de 10 fois plus supérieures à celles offertes à leurs homologues dans d’autres ministères.
« Je ne peux pas supprimer ces écarts du jour au lendemain », regrette Khaled Amin, membre du Haut Comité de la réforme administrative. Pour faire ce nivellement, il faudra augmenter les bonus de la grande majorité des fonctionnaires, ou alors supprimer les bonus généreux des plus privilégiés. Or, la première solution serait trop coûteuse pour le gouvernement, et la deuxième risque de causer beaucoup de mécontentement. Ainsi, on a choisi d’opérer graduellement.
La nouvelle loi stipule le gel des primes qui ne seront plus proportionnelles au salaire. Ainsi, au bout de dix ans, ces primes ne représenteront plus grand-chose par rapport au revenu total. De plus, les bonus ne seront plus laissés entre les mains des ministres, mais devront être approuvés par le premier ministre. « La charte exécutive de la loi devra être promulguée mi-juin. Je m’attends à ce que de telles mesures provoquent la colère des fonctionnaires privilégiés sous l’ancienne loi qui essayeront de nous mettre la pression », craint Amin.
Ce genre de privilèges encourageait le népotisme. En effet, les employés seraient prêts à tout faire pour assurer une place à leurs enfants dans le même secteur où ils travaillent. Ainsi, des relations publiques sont actionnées et des pots-de-vin sont versés pour y parvenir. Pour « acheter une carrière à son fils », un poste au ministère du Pétrole coûterait quelque 30 000 L.E.
Pour lutter contre ce genre de corruption, la nouvelle loi accorde le droit d’embauche à l’Organisme central de l’administration.
Pour Fatma Ramadan, directrice du programme des droits de travail au sein de l’Egyptian Initiative for Personal Rights, la nouvelle loi laisse, pourtant, la porte ouverte à d’autres genres de clientélisme et du manque de transparence. Ainsi, tout comme la loi précédente, la nouvelle loi fait exception de certaines « unités administratives » sans les nommer. Ces unités ne sont pas soumises à la loi de la fonction publique, et pourront, donc, garder leurs privilèges et tout ce qui va avec.
De son côté, l’Organisme central d’audit a également émis des réserves sur la nouvelle loi, mettant notamment en garde contre la grogne de beaucoup de fonctionnaires. Parce qu’outre le gel des primes, la nouvelle loi ne donne plus le droit aux salariés de cumuler leurs vacances annuelles sur plus de trois ans, au risque de perdre ses rémunérations.
Par ailleurs, la nouvelle loi accorde un congé de maternité, de quatre mois pour un nombre maximum de trois enfants. Et ce, au lieu de trois mois pour un nombre indéfini de naissances sous l’ancienne loi .
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