Le Nord-Mali, la région la plus tendue du pays, a témoigné cette semaine de nouveaux affrontements. Vendredi, de violents combats ont opposé, à Gao, le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) à des rebelles touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) qui, selon des sources sécuritaires régionales, ont subi « une lourde défaite », perdant « au moins une dizaine » de combattants et du matériel.
Selon deux sources sécuritaires au Mali et au Burkina Faso voisin, le colonel Mechkanine, chef adjoint des forces armées du MNLA, a été blessé dans ces combats.
De son côté, le MNLA parle de « plus de 20 morts » et « plusieurs dizaines de blessés » dans les rangs du Mujao, et de « neuf blessés » dans les siens. Il « se réjouit de ce premier succès » dans l’offensive qu’il affirme mener pour chasser les islamistes du nord du Mali.
Le porte-parole du Mujao, Walid Abu Sahraoui, a menacé le MNLA qui, selon lui, n’a pas subi aucune victoire : « Dans tout l’Azawad, nous allons poursuivre le MNLA partout où ils sont encore, nous allons les poursuivre. Nous maîtrisons la situation ».
Actuellement, la situation est calme dans la région de Gao, mais la tension reste perceptible, selon des témoins, car le MNLA pourrait tenter de reprendre l’offensive.
Le 27 juin, à l’issue de précédents combats qui avaient fait au moins 35 morts, le Mujao, appuyé par Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi), avait évincé le MNLA de Gao où la rébellion touareg, laïque et favorable à l’autodétermination du nord du Mali, avait établi son quartier général.
Et cette fois aussi, et en prévision d’une possible reprise des combats, l'Aqmi a envoyé de Tombouctou, à 300 kilomètres plus à l’ouest, des renforts au Mujao, selon des témoins.
Depuis, le MNLA, allié au départ aux islamistes lorsqu’il avait lancé l’offensive dans le nord du Mali en janvier, ne contrôle plus aucune ville de cette vaste région aride qui occupe les deux tiers du territoire malien.
Elle est totalement occupée par les djihadistes, surtout étrangers d’Aqmi et du Mujao (groupe très impliqué dans le trafic de drogue), et les islamistes d’Ansar Dine (défenseurs de l’islam), mouvement principalement composé de touareg maliens.
Ils y imposent la charia (loi islamique) avec rigueur — lapidations, amputations de pieds et de mains de prétendus voleurs, coups de fouet aux buveurs d’alcool et aux fumeurs — détruisent des monuments religieux et se rendent coupables d’atteintes aux droits de l’homme contre les habitants.
Alors que la terreur continue de régner dans le nord du Mali, des négociations ont lieu depuis deux semaines à Ouagadougou sous l’égide du président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans la crise malienne.
Ces négociations ont lieu avec le MNLA et Ansar Dine dans le but de les rapprocher, et surtout d’amener Ansar Dine à se dissocier d’Aqmi et du Mujao.
C’est chose faite sur le papier, les représentants à Ouagadougou de ce groupe armé, dirigé par un ex-rebelle touareg des années 1990, Iyad Ag Ghaly, ayant annoncé qu’il renonçait à imposer la charia dans tout le Mali, sauf dans son fief de Kidal (nord-est). Ils se sont aussi dit prêts à aider à « débarrasser » le nord du Mali du « terrorisme » et des « mouvements étrangers ».
Reçues pour la première fois ensemble par Compaoré vendredi, des délégations d’Ansar Dine et du MNLA ont en outre exprimé « leur disponibilité à s’engager résolument dans un processus de dialogue politique ».
Ces négociations ont notamment pour objectif de faciliter sur le terrain une intervention de 3 300 soldats africains, soutenus par des pays occidentaux, avec l’accord de l’Onu, qui devrait, d’ici quelques mois, tenter de chasser l'Aqmi et le Mujao du nord du Mali.
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