Les dirigeants ouest-africains se sont mis d'accord sur l'envoi d'une force internationale pour une durée d'un an.
(Photo: Reuters)
Lors d’un sommet tenu ce dimanche 11 novembre à Abudja, la capitale nigérienne, les dirigeants des 15 pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de quelques autres pays africains se sont mis d’accord sur l’envoi au Mali d’une force militaire internationale de 3 300 soldats. Durant un an, la durée prévue du déploiement, selon les décisions issues de la réunion, cette force en renfort d’environ 5 000 militaires maliens, devra reconquérir le nord du pays occupé depuis des mois par des groupes islamistes armés. En fait,
la force internationale serait composée de soldats provenant prioritairement des pays membres de la Cédéao. « Nous avons des pays qui offrent des bataillons, d’autres des compagnies [...]. Il y a bien sûr le Nigeria, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, nous avons également des pays comme le Ghana (...), le Togo », a déclaré Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao.
Hors Cédéao, il pourrait y avoir au moins deux ou trois contributeurs, dont peut-être le Tchad qui jusque-là réserve sa réponse, ainsi que des pays « hors du continent ».
« Nous avons eu des contacts avec d’autres pays : la Mauritanie et l’Afrique du Sud », a dit Ouattara sans plus de précision. Selon leur communiqué final, les dirigeants africains ont adopté un
plan appelé « Concept harmonisé des opérations pour le déploiement de la force internationale conduite par l’Afrique ». Ce plan doit être transmis à l’Onu avant le 26 novembre, via l’Union africaine. Alassane Ouattara a dit espérer que le Conseil de sécurité des Nations-Unies donnerait son feu vert à cette intervention au Mali à la fin du mois ou au début décembre. En outre, ce communiqué a souligné que le dialogue restait l’option préférée pour la résolution de la crise politique au Mali. « Toutefois, en ce qui concerne la situation sécuritaire, l’usage de la force s’avère indispensable contre les réseaux terroristes, et de criminalité transnationale qui menacent la paix et la sécurité internationales », dit le texte.
Une chance au dialogue
Pour sa part, Ouattara a évoqué une volonté commune de donner une chance à la paix par le dialogue. « Notre commune volonté de donner une chance à la paix par le dialogue avec les groupes rebelles dans le respect de la souveraineté, de l’unité, de la laïcité et de l’intégrité territoriale du pays nous offrira des scénarios différenciés dans le traitement de la riposte à prévoir dans le cadre de la pacification du nord du Mali », dit il dans son discours, en ajoutant que les négociations continuent et permettent auxmouvements de désolidariser de tout ce qui est terrorisme. En effet, des négociations se poursuivent dès la semaine dernière en Algérie, notamment à Ouagadougou, entre les autorités burkinabés et une délégation du groupe islamiste armé Ansar Dine. Ce groupe (défenseurs de l’islam) eut solennellement affirmé à Ouagadougou qu’il rejetait « toute forme d’extrémisme et de terrorisme », et appelait à la négociation avec Bamako. Et c’est ainsi que les négociateurs essaient de convaincre Ansar Dine d'effectuer une rupture de toute alliance avec Aqmi (Al-Qaëda au Maghreb islmique). Concernant le soutien à l’armée malienne, des ministres de 5 pays européens — France, Allemagne, Italie, Pologne et Espagne — doivent se réunir jeudi à Paris pour discuter de la mise sur pied d’une mission européenne
d’entraînement qui compterait au moins 200 soldats.
Finalement, il faudra également régler une question capitale, celle du financement de cette éventuelle intervention militaire. Interrogé par la presse sur ce sujet, Ouattara a notamment répondu : « Une fois que le Conseil de sécurité aura validé tous ces dispositifs, la question du financement relèvera plutôt des Nations-Unies, et donc les tours de table vont se faire comme d’habitude ». Et d’ajouter : « Ce sont les Nations-Unies qui organiseront à ce moment-là le soutien financier et prendront en charge toute la logistique (…) bien sûr avec le soutien de la Cédéao et de l’Union africaine ». En ce qui concerne les étapes de la transition démocratique, Ouattara a évoqué l’hypothèse des élections « au 2e semestre 2013 » au Mali. Ce pays est actuellement dirigé par des
autorités de transition après le coup d’Etat militaire du 22 mars qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, avait été
investi en avril « président par intérim ». L’instabilité qui a suivi ce coup d’Etat a été l’une des causes principales de la domination des groupes armés au nord.
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