« La progression sans précédent de l’épidémie d’Ebola en Afrique représente une menace pour la paix et la sécurité internationales », a déclaré le Conseil de sécurité des Nations-Unies lors d’une réunion d’urgence jeudi dernier, pour discuter des moyens de lutte contre ce virus en progression. En fait, c’est la première fois que le Conseil qualifie ainsi une urgence de santé, et l’une des très rares fois dans son histoire où il se prononce sur une crise de santé publique. Il ne l’avait fait auparavant qu’à deux reprises, en votant des textes sur le sida en 2000 et 2011.
Selon la directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, il s’agit « du plus grand défi jamais relevé par l’Onu et ses agences en temps de paix ». Lors de cette réunion, le Conseil a adopté la résolution 2177 à l’unanimité, confirmant l’unité de la communauté internationale et appelant les Etats membres à intensifier leur mobilisation et mieux coordonner leurs efforts en faveur des pays affectés par la maladie. En premier lieu la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. La résolution appelle les pays membres à « se mobiliser immédiatement » pour former du personnel médical et de laboratoire, afin d’accélérer la détection et le traitement des cas suspects. La crainte de ce virus a poussé plusieurs compagnies aériennes de ne plus desservir les pays touchés, et certains des voisins de ces pays ont fermé leurs frontières.
L’Onu estime avoir besoin de près d’un milliard de dollars sur six mois. Selon le Dr David Nabarro, coordinateur de l’Onu pour le virus Ebola, il faudrait que la réponse de la communauté internationale soit « 20 fois plus forte qu’elle ne l’est en ce moment ». En fait, cette réunion d’urgence intervient au temps où le nombre des personnes affectées a doublé le mois dernier. Au total, 5335 personnes ont été infectées et 2622 sont mortes.
Il y a un mois, le nombre était 2458 personnes infectées et 1 346 décès. Le Liberia représente plus de la moitié des cas. Selon l’OMS, 318 personnes travaillant dans la santé ont été infectées par le virus Ebola et 151 ont trouvé la mort. La fragilité des services de santé qui ont du mal à contenir la maladie dans les trois pays où elle est le plus répandue attise la peur et la suspicion des populations. En août dernier, l’OMS annonçait qu’elle espérait parvenir à contrôler l’épidémie dans 9 mois, et prévoyait 20000 cas au total de ce moment-là. Mais un groupe de scientifiques américains a fait d’autres projections plus alarmistes depuis. Selon eux, l’épidémie serait susceptible de durer de 12 à 18 mois et pourrait infecter des centaines de milliers de personnes avant que le virus Ebola ne soit mis sous contrôle.
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