Après trois semaines de longues tractations, les dirigeants de la transition centrafricaine ont nommé vendredi dernier un nouveau gouvernement élargi, mais au final peu renouvelé.
Le nouveau premier ministre centrafricain, Mahamat Kamoun, a annoncé que la nouvelle équipe compterait une trentaine de ministres, dont des représentants des groupes armés et de la société civile. L’ex-rébellion Séléka à dominante musulmane y a trois représentants, la nébuleuse des milices chrétiennes anti-balaka un seul. Le gouvernement est, pour la première fois en Centrafrique, dirigé par un membre de la minorité musulmane.
La Centrafrique était sans gouvernement après la démission, le 5 août, du premier ministre André Nzapayéké, dans la foulée d’un accord de cessez-le-feu signé le 23 juillet à Brazzaville entre l’ex-Séléka et les anti-balaka.
Le nouveau gouvernement de transition centrafricain est déjà contesté en particulier par l’ex-rébellion Séléka qui affirme ne pas y avoir de représentants mandatés. « L’ex-coalition Séléka n’a mandaté personne pour la représenter au sein du nouveau gouvernement formé (vendredi) par le premier ministre Mahamat Kamoun, a affirmé à l’AFP Mohamed Moussa Dhaffane, n°3 de l’ex-rébellion. Ceux qui sont entrés dans le présent gouvernement ont agi en leur nom, mais pas au nom de la Séléka ».
Trois personnalités nommées au gouvernement— les ministres des Transports, des Postes et télécommunications et de l’Elevage— sont issues de la Séléka, ex-rébellion à dominante musulmane qui avait pris le pouvoir à Bangui en mars 2013 avant d’en être évincée en janvier 2014 par l’intervention de l’armée française.
Quelques voix se sont aussi élevées pour protester du côté des formations politiques, notamment le groupement de partis GPP-RTL qui rassemble l’ancienne majorité du président François Bozizé, renversé en 2013 par la Séléka.
« Nous n’avons désigné personne pour être membre du gouvernement (...) Nous n’avons rien contre Mahamat Kamoun, mais il fut directeur de cabinet de l’ancien président Michel Djotodia (chef de l’ex-Séléka qui a dirigé le pays pendant un an) qui a laissé un passé plein de mauvais souvenirs au peuple », a déclaré à l’AFP l’un des porte-parole de la coalition GPP-RTL, Mohamed Bengué Bossin.
Certains membres de la principale coalition de la société civile ont également dénoncé la nomination de personnalités issues de leurs rangs sans concertation préalable.
«S’il y a des personnalités se réclamant de la société civile, elles n’ont pas été choisies par la société civile », a affirmé Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme.
Ces contestations restent pour le moment limitées et apparaissent relativement inévitables quand il s’agit de se partager les postes.
Accord a minima
Estimant que son avis n’a « pas été pris en compte » dans la composition du nouveau cabinet, pourtant dirigé par un musulman, la Séléka « se donne le droit de reconsidérer les engagements pris au forum de Brazzaville » fin juillet, a affirmé Mohamed Moussa Dhaffane.
Un fragile accord de cessez-le-feu avait été arraché sous la pression internationale le 23 juillet dans la capitale congolaise, entre les deux principaux acteurs de la crise centrafricaine, l’ex-Séléka et les milices majoritairement chrétiennes anti-balaka.
Il a été violé à plusieurs reprises sur le terrain depuis lors, de nouveaux affrontements ayant déjà fait plusieurs dizaines de morts à Bangui et en province.
L’accord de Brazzaville est également censé relancer une transition politique en panne, alors que la présidente Catherine Samba Panza, nommée en janvier après le désastreux passage au pouvoir de la Séléka, a jusque-là échoué à faire cesser les violences et à rétablir un Etat devenu fantôme.
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