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Mali : Retour aux négociations

Sabah Sabet, Mardi, 27 mai 2014

Après un accord de cessez-le-feu signé entre Bamako et les trois princi­paux groupes armés du nord du Mali, le gouvernement est poussé à relan­cer des négociations avec les rebelles qui contrôlent la ville de Kidal.

Mali : Retour aux négociations
Le gouvernement malien est poussé aux négociations avec les rebelles qui contrôlent actuellement la ville de Kichal au nord (Photo:Reuters)

Le nord du Mali, cette zone récemment libérée des mains des djihadistes armés, par une intervention militaire française, est de nouveau contrôlé par des groupes armés. Après l’échec de l’armée malienne de reprendre la ville de Kidal des mains de groupes armés, l’Etat malien est obligé de relancer des négociations avec les rebelles. Vendredi, un accord de cessez-le-feu a été signé entre le gouvernement du Mali et trois principaux groupes armés. Dans un communi­qué publié par la mission de l’Onu au Mali (Minusma), le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad, rébellion touareg), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA, formé par des dissidents d’un groupe djiha­diste) et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), qui sont les trois groupes armés, dont le président en exercice de l’UA, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel-Aziz, avaient rencontré des représentants vendredi après-midi à Kidal (extrême nord-est). Selon le communiqué de la Minusma, les parties ont convenu de la cessa­tion des hostilités sur toute l’étendue du terri­toire national, de revenir à l’accord prélimi­naire du 18 juin 2013 qu’elles ont signé à Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations-Unies et de ses partenaires régionaux et internatio­naux.

En fait, de violents combats ont commencé le 17 mai à Kidal (nord-est, 1 500 km de Bamako) entre les forces maliennes et les groupes armés, composés essentiellement de touareg, mais aussi de combattants arabes. Ces derniers ont pris le contrôle de la ville, traditionnellement fief de touareg, mais aussi de Ménaka (660 km au sud-est de Kidal), ce que conteste le gouverne­ment malien, qui a reconnu sa défaite seulement à Kidal. Ce dernier représente un défi de taille pour l’Etat malien : en dépit de l’intervention militaire internationale en cours depuis 2013, il n’a jamais réussi à complètement reprendre pied dans cette zone, berceau des touareg.

A l’issue de ces nouveaux affrontements meurtriers, une vingtaine de soldats maliens ont été tués et une trentaine blessés dans les com­bats, selon le ministre malien de la Défense, alors que le MNLA a parlé de 40 soldats maliens tués et 70 prisonniers depuis le début des hostilités le 17 mai. Le Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), a indiqué que les affrontements ont poussé 3 000 personnes à fuir Kidal.

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a discuté avec plusieurs de ses homologues, notamment Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et François Hollande à propos de négociations. « A tous nos interlocuteurs, nous avons affirmé que nous sommes irréversiblement pour le dia­logue », annonce-t-il.

Selon le communiqué de Bamako, les groupes rebelles ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires des Nations-Unies et autres partenaires humani­taires, et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur. Ils sont enfin tombés d’accord sur la mise en place d’une commission internationale d’enquête relative aux événe­ments survenus, en commençant par Kidal.

La demande d’un cessez-le-feu est formulée également par la France, fer de lance de l’inter­vention militaire internationale en cours depuis janvier 2013 au Mali. Une source diplomatique française a indiqué, vendredi, que la France demande le retour des parties à leurs positions antérieures, puis des négociations entre le gou­vernement malien et les différents groupes. Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, reporté après les affrontements dans le nord du Mali, devrait être engagé « d’ici un mois ou deux si les choses évoluent bien », a souligné cette source. Ce redéploiement doit notamment comprendre le départ de 600 hommes, dont 300 vers le Tchad, et le maintien de 1 000 hommes sur place. Paris avait déjà annoncé, le 20 mai, le report de « quelques semaines » du redéploiement prévu de son dis­positif militaire au Sahel, prolongeant d’autant l’opération Serval au Mali.

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