Le nouveau gouvernement malien a été formé vendredi 11 avril en vertu d’un décret présidentiel. Présidé par le premier ministre Moussa Mara, le gouvernement compte 31 ministres, contre 35 dans le précédent. Cette nouvelle équipe a pour tâche principale de poursuivre la réconciliation nationale, en panne après une longue crise politico-militaire. L’un des faits marquants est néanmoins l’arrivée à la tête du ministère de la Réconciliation nationale de Zahabi Ould Sidy Mohamed, un Arabe natif de Tombouctou (nord-ouest du Mali), dont la nomination vise, selon des observateurs, à relancer ce dossier. Sidy Mohamad, chef de la diplomatie malienne dans la précédente équipe, est un ancien dirigeant d’un mouvement rebelle du nord du Mali dans les années 1990. Cet ex-fonctionnaire des Nations-Unies est réputé influent et bien introduit dans les milieux touareg et arabes du nord, une région qui a connu plusieurs rebellions touareg depuis l’indépendance de cette ancienne colonie française en 1960.
Avant l’élection d’Ibrahim Bou Bakr Keïta, en août 2013, qui a scellé le retour à l’ordre constitutionnel, le nord avait été occupé depuis le printemps 2012 par des djihadistes armés, une occupation qui avait été précédée par une offensive touareg suivie d’un coup d’Etat. A la suite d’une intervention internationale dirigée par la France à partir de janvier 2013 et toujours en cours, les djihadistes ont été chassés des grandes villes du nord qu’ils occupaient. Mais ils demeurent actifs dans les zones montagneuses, où ils commettent des attaques meurtrières à intervalles réguliers, tandis que des tensions persistent avec la communauté touareg.
Sidy Mohamed remplace Cheikh Oumar Diarrah, qui dirigeait l’ancien ministère chargé de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du nord. Un dossier qui n’a pas beaucoup avancé. Le nouveau premier ministre Moussa Mara avait affirmé, après sa nomination le 5 avril, que la réconciliation était prioritaire, car « il nous faut recoudre le tissu social ».
Pour sa part, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé, dans une récente interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique, que le processus de réconciliation nationale au Mali « n’avance pas très vite ». Un autre changement important, qui va dans le même sens, est l’arrivée de Ousmane Sy à la tête du ministère de la Décentralisation. M. Sy, expert dans ce domaine, a dirigé ce département sous le régime du président Alpha Konaré (1992-2002). Sa présence dans le nouveau cabinet vise, selon des observateurs, à faire de la décentralisation un instrument de la paix dans le nord. Dans ce nouveau gouvernement qui compte 8 femmes, huit personnalités font leur entrée tandis que huit autres ont été remplacées. Le premier ministre malien a demandé à son gouvernement d’avoir « constamment à l’esprit la gravité des enjeux du moment et l’importance des attentes des populations maliennes », selon un communiqué publié samedi après la première réunion gouvernementale présidée par Mara. En outre et dans sa lettre de démission dont une copie est parvenue à l’AFP, l’ex-premier ministre Oumar Tatam Ly, qui fut dans ce poste pendant un peu plus de sept mois, a évoqué des « dysfonctionnements » et des « insuffisances (...) dans la marche du gouvernement » qui réduisaient sa capacité d’action.
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