Les massacres contre les civils, monnaie courante en RCA.
(Photo:AFP)
Des corps gisant dans les rues, exactions, pillages, exode de milliers de population dont la majorité des musulmans : c’est la scène qui règne un peu partout en Centrafrique, un an après le coup d’Etat du 24 mars 2013, et l’arrivée au pouvoir de la rebelle Séléka. Le départ de Michel Djotodia, chef de la Séléka, depuis deux mois, et l’arrivée de Catherine Samba-Panza, le 23 janvier, au pouvoir n’ont apporté aucune amélioration à la situation humanitaire et sécuritaire qui devient de plus en plus dramatique.Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, au moins 20 personnes ont été tuées à Bangui dans une attaque à la grenade lors d’une veillée funèbre, a annoncé le gouvernement centrafricain.
Une semaine avant cette attaque, des affrontements avaient opposé notamment des miliciens anti-balaka, majoritairement chrétiens, et des citoyens musulmans à Bangui faisant une vingtaine de morts de plus. « La situation humanitaire et sécuritaire est très grave, insupportable pour les musulmans qui restent dans le sud-ouest (de la Centrafrique) et à Bangui. Il y a une vingtaine de poches dans le pays avec 15 000 personnes en danger. On doit réfléchir à les évacuer », a déclaré vendredi dernier à la presse Peter Bouckaert, directeur Urgences de l’ONG Human Rights Watch (HRW).
La Centrafrique s’est enfoncée dans un cycle de tueries interreligieuses. Pendant la période de son pouvoir, la Séléka avait commis des exactions essentiellement contre les chrétiens. Pour se venger, ces derniers ont formé des milices anti-balaka qui attaquent sans distinction anciens rebelles et musulmans, à Bangui notamment.
En outre, la France, qui a pris l’initiative d’intervention en ce pays à travers l’opération Sangaris, essaie toujours de mobiliser les efforts internationaux au secours de la Centrafrique. « La France espère faire adopter dans une dizaine de jours par le Conseil de sécurité une résolution autorisant le déploiement d’une force de maintien de la paix de l’Onu en République centrafricaine », a indiqué vendredi dernier l’ambassadeur français Gérard Araud.
Prochain déploiement de l’Onu
En fait, l’Onu prévoit de déployer d’ici la mi-septembre 12 000 soldats et policiers en Centrafrique pour rétablir l’ordre dans ce pays immense en proie à l’anarchie et à la violence entre communautés chrétienne et musulmane. Ils prendraient le relais de la force africaine (Misca) présente sur place aux côtés des 2 000 soldats français de l’opération Sangaris.
« Nous espérons être capables dans une dizaine de jours, dans la semaine du 5 au 12 avril, de présenter au Conseil un projet de résolution », a déclaré M. Araud à la presse. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, réclame de son côté une décision rapide du Conseil de sécurité au sujet du déploiement de 12 000 Casques bleus dans l’ancienne colonie française.
Autre urgence, l’économie. Les fonctionnaires centrafricains ont reçu début mars leur premier salaire depuis six mois, mais l’argent manque. L’Union Européenne (UE) a annoncé mi-mars l’octroi d’une aide de 81 millions d’euros à la Centrafrique consacrée à l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire.
Mais jusque-là, l’engagement financier des bailleurs internationaux est « extrêmement faible, pas du tout à la hauteur », dans ce très pauvre pays où les violences ont fait près d’un million de déplacés et réfugiés, sur une population de 4,6 millions d’habitants, s’alarmait récemment l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF).
Par ailleurs, le chef d’Etat français, François Hollande, doit coprésider ce mercredi 2 avril un « mini-sommet » sur la République centrafricaine (RCA), au premier jour du 4e sommet Union européenne-Afrique qui se tient à Bruxelles ces mercredi et jeudi, ont indiqué des sources européennes. Le rendez-vous, coorganisé par l’Union africaine et l’Union européenne, doit réunir une quinzaine de dirigeants européens « les plus impliqués » dans la gestion de la crise centrafricaine, et autant de dirigeants africains des pays voisins.
Ils tenteront « de voir comment restaurer la sécurité et stopper les tueries », alors que la situation en Centrafrique est jugée « désastreuse » par l’Union européenne. « Un premier pas crucial à franchir est de restaurer un embryon d’Etat », ont souligné les mêmes sources.
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