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Centrafrique : impuissance internationale

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 03 mars 2014

Malgré la prolongation du mandat de la force française, la situation en Centrafrique reste très préoccupante et les massacres de musulmans se poursuivent.

En déployant, le 5 décembre dernier, 1 600 militaires dans son ancienne colonie, le président français François Hollande avait prédit une mission rapide en Centrafrique et demandé à ses troupes de désarmer les belligérants afin de maintenir la paix et la stabi­lité. Trois mois plus tard, le désar­mement reste un vaste chantier et l’opération Sangaris soutenue par une force africaine (Misca) compo­sée de 6 000 hommes n’a pas pu arrêter les violences, attisées par les vengeances, qui perdurent entre chrétiens et musulmans, et le pays reste secoué par des cruautés quoti­diennes.

Face à cette situation, la France a décidé de maintenir sa présence en Centrafrique. Et le président fran­çais s’est à nouveau rendu à Bangui vendredi dernier, où il s’est entrete­nu avec la présidente de transition, Catherine Samba Panza. Hollande a déclaré que l’enjeu pour stabiliser la Centrafrique, en proie à des vio­lences intercommunautaires, était d’« établir un Etat » dans un pays où l’administration est paralysée et a disparu de régions entières. « Maintenant l’enjeu, ce n’est même pas de rétablir, mais d’établir l’Etat » et pour cela « il faut com­mencer par payer les fonction­naires ». « Il faut éviter qu’il y ait la moindre tentation de partition à l’est de la Centrafrique », a déclaré le chef de l’Etat français dans une allocution devant les militaires fran­çais de l’opération Sangaris, dont les effectifs ont été portés à 2 000 hommes. Car le but principal de cette visite était surtout de remonter le moral des soldats français. Hollande a salué l’action des soldats français qui ont « sauvé des milliers de vie ».

En effet, à l’issue d’un débat au cours duquel le gouvernement fran­çais a souligné l’urgence de passer le relais aux Nations-Unies, le Parlement français a autorisé, mardi 25 février, à une large majorité la prolongation au-delà de quatre mois de l’opération militaire française Sangaris en Centrafrique. Certains groupes parlementaires ont pourtant exprimé des tiraillements et des doutes, sur les risques d’enlisement et l’insuffisance du dispositif fran­çais. Ainsi, ils réclamaient notam­ment un passage de relais accéléré à une force de maintien de la paix des Nations-Unies.

« Rien n’a été réglé, le pays est toujours à feu et à sang », avait résumé un député de l’opposition de droite, Eric Woerth. « Nos efforts ont commencé à porter leurs fruits. L’embrasement généralisé qui menaçait a été évité », a de son côté estimé le premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

Or, sur le terrain, la situation humanitaire est catastrophique en RCA, surtout pour les musulmans qui s’exposent à des massacres par des groupes armés (anti-balaka). Des dizaines de milliers de musul­mans ont fui vers le nord. Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies (HCR) a lancé un cri d’alarme à propos de 15 000 per­sonnes au moins, essentiellement des musulmans, encerclées par des groupes armés en 18 lieux différents dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays.

« Il y a un grand risque d’attaques et ils ont besoin d’urgence d’une meilleure sécurité », a déclaré à Genève Adrian Edwards, porte-parole du HCR. « Les atrocités sont devenues fréquentes », a-t-il souli­gné, et « le nombre des troupes est largement insuffisant en considérant la taille du pays et la gravité de la crise » .

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