Il nous en faut davantage », a insisté cette semaine le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, en évoquant les effectifs français, européens et africains déployés en Centrafrique. Le déploiement de 3 000 soldats et policiers supplémentaires en Centrafrique est la première demande du secrétaire Ki-moon devant le Conseil de sécurité. Il propose aussi d’unifier le commandement de toutes les forces présentes sur place. Des forces supplémentaires devraient être envoyées « dès que possible, dans les jours et les semaines à venir », selon le programme proposé par Ban Ki-moon.
Le secrétaire général de l’Onu suggère que toutes les forces présentes sur place, « placées sous un commandement coordonné », aient pour mission prioritaire l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des civils, rapporte l’AFP. Ban Ki-moon propose aussi le déblocage d’une aide logistique et financière à la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) de 38 millions de dollars sur 6 mois. Le gouvernement centrafricain pourrait également recevoir une aide financière afin de remettre en état une partie du service public, la police et la justice notamment. Après la volte-face du président tchadien, Idriss Déby, qui a récemment appelé à une intervention onusienne, et la demande pressente de la France, le déploiement des soldats de l’Onu en Centrafrique semble se préciser. En outre, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, a instamment demandé, vendredi 21 février, à la France de ne pas « abandonner » la Centrafrique, avant un vote du Parlement français sur la prolongation de l’intervention militaire française dans son pays.
« Ce n’est pas le moment d’abandonner la République centrafricaine. J’ose espérer que les décisions qui vont être prises très prochainement à l’Assemblée nationale (française, ndlr) vont aller dans le sens des attentes de la population, qui continue de compter beaucoup sur l’appui de la communauté internationale et notamment de la France », a déclaré la présidente. Ce vote, que prévoit la Constitution française, se tiendra cette semaine à l’Assemblée nationale pour décider si « l’opération Sangaris », déclenchée lorsque les troupes françaises sont intervenues en Centrafrique le 5 décembre dernier pour y restaurer la sécurité, doit se prolonger au-delà d’avril prochain.
Un premier débat, sans vote, s’était déroulé à l’Assemblée française le 10 décembre, au cours duquel la plupart des forces politiques avaient soutenu l’intervention. Depuis, face aux violences et aux risques d’enlisement, doutes et interrogations ont crû dans l’opposition.
Pour Ki-moon, le déploiement de 3 000 soldats et policiers serait une étape intermédiaire avant le déploiement de Casques bleus. Rappelant qu’il doit remettre fin février un rapport à ce sujet, il a souligné que « le déploiement d’une opération de maintien de la paix, si elle est autorisée, prendra des mois ». Le cycle infernal des tueries a été déclenché par des exactions contre les chrétiens, par les combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013.
En réaction, des milices majoritairement chrétiennes, les anti-balaka, se sont formées, attaquant elles aussi des civils musulmans, à Bangui notamment, et entraînant un exode depuis décembre de dizaines de milliers d’entre eux, sur fond de lynchages et de pillages que les soldats français et africains ne parviennent pas à faire cesser .
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