Les tentatives de médiation ne parviennent toujours pas à mettre fin à la crise qui fait rage au Soudan depuis un an et demi. De nouveaux pourparlers sont prévus ce mercredi à Genève. Mais les espoirs sont minces d’autant plus que les discussions qui ont eu lieu à Djeddah entre les Etats-Unis et les acteurs du conflit au Soudan se sont achevées sans résultat. « J’annonce la fin des consultations sans accord sur la participation de la délégation soudanaise aux négociations de Genève », a déclaré, dimanche 11 août, le chef de la délégation soudanaise aux réunions consultatives avec les Américains à Djeddah, Mohamed Bashir Abu-Namo, ministre soudanais des Minéraux. Ces consultations ont débuté vendredi 9 août dans la ville saoudienne de Djeddah pour discuter avec les médiateurs américains des conditions de la participation du gouvernement soudanais aux pourparlers prévus à Genève ce 14 août. « Au bout du compte, ce sont les dirigeants qui trancheront sur ce dossier en fonction de leur analyse de la situation », a indiqué le ministre d’après l’agence officielle soudanaise Suna, en notant que « de nombreux détails ont mené à cette décision ».
Les Etats-Unis avaient précédemment invité les Forces Armées Soudanaises (FAS) et les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR) à une nouvelle session de pourparlers à Genève. Si les FSR, en guerre contre l’armée pour le pouvoir au Soudan, ont rapidement accepté l’invitation, le ministère des Affaires étrangères, loyal à l’armée, avait alors affirmé « vouloir davantage de discussions » avant d’y répondre. Auparavant, Abdel-Fattah Al-Burhan, chef de l’armée et président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, avait déclaré qu’il ne participerait pas aux pourparlers avec les FSR en Suisse. La raison en était une attaque de drone sur une école militaire où Al-Burhan assistait à une cérémonie de remise de diplômes à des cadets. Le commandant en chef a considéré qu’il s’agissait d’une tentative d’assassinat et a refusé de négocier, bien qu’il ait initialement accepté de discuter de la paix sous certaines conditions. Pour toute initiative de paix, « l’Etat soudanais doit être reconnu, invité et consulté », avait encore martelé fin juillet le chef de l’armée.
Les pourparlers de Genève, coparrainés par l’Arabie saoudite, doivent inclure l’Union africaine, l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’ONU en tant qu’observateurs, avait précisé Washington. « Il ne s’agit pas d’une initiative onusienne, mais nous accueillons favorablement toutes les initiatives qui peuvent aider à résoudre la crise au Soudan », a indiqué vendredi une porte-parole des Nations-Unies basée à Genève, Alessandra Vellucci.
Priorité à l’humanitaire
Depuis que le Soudan était plongé en avril 2023 dans une guerre opposant l’armée aux FSR, plusieurs tentatives de médiation ont eu lieu, en vain. De précédents cycles de négociations menés à Djeddah avaient également échoué. « Les discussions n’ont pas pu résoudre les racines du conflit car elles ont été axées sur les moyens de limiter les répercussions de la crise », explique Mohamed Abdel-Wahed, spécialiste de l’Afrique, qui se déclare sceptique quant aux pourparlers de Genève. « Ils vont se concentrer sur la situation humanitaire », dit-il. En effet, l’envoyé spécial américain au Soudan, Tom Perillo, a souligné l’engagement des Etats-Unis à mettre fin aux souffrances des Soudanais. L’expert confirme que « l’Administration américaine veut se montrer capable de réaliser une avancée dans l’un des conflits les plus rudes et ce, avant l’élection présidentielle américaine », explique-t-il. Car le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire majeure. La guerre a contraint plus de 11 millions de personnes à fuir à l’intérieur du pays et au-delà des frontières, selon l’ONU, a ravagé les infrastructures et a poussé le Soudan au bord de la famine. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils.
En outre et parallèlement aux tentatives de médiation, les combats se poursuivent sans répit. L’armée soudanaise a annoncé samedi 10 août avoir repoussé une attaque majeure des FSR sur El-Fasher, la capitale de l’Etat du Darfour du Nord, dans l’ouest du Soudan. De son côté, la force conjointe des mouvements armés de la région du Darfour, alliée aux FAS, a confirmé dans un communiqué avoir mené une bataille féroce à El-Fasher samedi et infligé de lourdes pertes à « l’ennemi », en référence aux FSR. Depuis le 10 mai, de violents affrontements entre les FAS et les FSR font rage à El-Fasher.
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