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Le Soudan du Sud s’entre-déchire

Abir Taleb, Mardi, 24 décembre 2013

Le plus jeune Etat d'Afrique est déchiré depuis une dizaine de jours par des combats qui présagent d'un nouveau conflit eth­nique sur le continent.

Depuis le 15 décembre, les partisans du président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et de son ex-vice-président, Riek Machar, s’affrontent. L’Onu a recensé 14 lieux du pays où ont été rapportés des combats et des troubles civils. La situation tend à s’aggraver de telle manière que plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Face à la recrudescence des violences, l’Onu et les Etats-Unis ont appelé au dialogue. Washington a dépêché vendredi son envoyé spécial dans la région, l’ambassadeur Donald Booth. Dans une déclaration una­nime, le Conseil de sécurité a appe­lé vendredi Salva Kiir et Riek Machar, dont la rivalité politique a provoqué une vague de violences entre leurs deux communautés, Dinka et Nuer, « à lancer un appel à la cessation des hostilités et à l’ouverture immédiate d’un dialo­gue ». Mais la crise semble pro­fonde. Aux graves dissensions poli­tiques issues de la rébellion sudiste s’ajoutent de profonds ressenti­ments entre ethnies remontant aux années de guerre civile. En 1991, la défection de Machar de la SPLA (l’Armée populaire de libération du Soudan) avait fracturé sur des lignes ethniques la rébellion sudiste historique, dont Kiir était l’un des responsables. Les troupes Nuer de Machar avaient massacré à Bor près de 2 000 civils Dinka.

Une fois de plus sur le continent africain l’on fait face à un double conflit pour le pouvoir et ethnique. Les dirigeants du Soudan du Sud, son président Salva Kiir en tête, sont tous d’anciennes figures de la rébellion sudiste. Présidé par Kiir, le Mouvement populaire de libéra­tion du Soudan (SPLM), ex-branche politique de la rébellion, est au pouvoir depuis l’accord de paix de 2005, sans véritable oppo­sition. De profondes divisions frac­turent le parti, pour certaines héri­tées de la guerre civile.

L’ancien vice-président, Riek Machar, rival politique déclaré de Kiir au sein du SPLM et qui comp­tait se présenter contre lui à la pré­sidentielle de 2015, a combattu des deux côtés durant la guerre civile, s’alliant un temps à Khartoum contre la SPLA, dans les années 1990 avant de réintégrer la rébel­lion au début des années 2000. Riek Machar, Pagan Amum, la veuve de John Garang Rebecca, et d’anciens ministres du gouverne­ment limogé en juillet en même temps que Machar, avaient publi­quement dénoncé en novembre les « tendances dictatoriales » de Kiir. En fuite, Machar nie la tentative de coup d’Etat que lui prête Kiir, pour expliquer les combats qui ont opposé des factions rivales de l’ar­mée dénonçant un prétexte du chef de l’Etat pour se débarrasser de ceux qui contestent son autorité .

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