Depuis le 15 décembre, les partisans du président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et de son ex-vice-président, Riek Machar, s’affrontent. L’Onu a recensé 14 lieux du pays où ont été rapportés des combats et des troubles civils. La situation tend à s’aggraver de telle manière que plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Face à la recrudescence des violences, l’Onu et les Etats-Unis ont appelé au dialogue. Washington a dépêché vendredi son envoyé spécial dans la région, l’ambassadeur Donald Booth. Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité a appelé vendredi Salva Kiir et Riek Machar, dont la rivalité politique a provoqué une vague de violences entre leurs deux communautés, Dinka et Nuer, «
à lancer un appel à la cessation des hostilités et à l’ouverture immédiate d’un dialogue ». Mais la crise semble profonde. Aux graves dissensions politiques issues de la rébellion sudiste s’ajoutent de profonds ressentiments entre ethnies remontant aux années de guerre civile. En 1991, la défection de Machar de la SPLA (l’Armée populaire de libération du Soudan) avait fracturé sur des lignes ethniques la rébellion sudiste historique, dont Kiir était l’un des responsables. Les troupes Nuer de Machar avaient massacré à Bor près de 2 000 civils Dinka.
Une fois de plus sur le continent africain l’on fait face à un double conflit pour le pouvoir et ethnique. Les dirigeants du Soudan du Sud, son président Salva Kiir en tête, sont tous d’anciennes figures de la rébellion sudiste. Présidé par Kiir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), ex-branche politique de la rébellion, est au pouvoir depuis l’accord de paix de 2005, sans véritable opposition. De profondes divisions fracturent le parti, pour certaines héritées de la guerre civile.
L’ancien vice-président, Riek Machar, rival politique déclaré de Kiir au sein du SPLM et qui comptait se présenter contre lui à la présidentielle de 2015, a combattu des deux côtés durant la guerre civile, s’alliant un temps à Khartoum contre la SPLA, dans les années 1990 avant de réintégrer la rébellion au début des années 2000. Riek Machar, Pagan Amum, la veuve de John Garang Rebecca, et d’anciens ministres du gouvernement limogé en juillet en même temps que Machar, avaient publiquement dénoncé en novembre les « tendances dictatoriales » de Kiir. En fuite, Machar nie la tentative de coup d’Etat que lui prête Kiir, pour expliquer les combats qui ont opposé des factions rivales de l’armée dénonçant un prétexte du chef de l’Etat pour se débarrasser de ceux qui contestent son autorité .
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