Quelque 6,5 millions de Maliens étaient appelés à participer dimanche au second tour de législatives. Ce scrutin est la dernière étape d’un processus électoral qui, après la présidentielle remportée le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta, doit sceller le retour à l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Etat ayant précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes djihadistes.
A l’issue du premier tour du 24 novembre, seuls 19 sièges avaient été pourvus sur les 147 que compte l’Assemblée nationale. L’objectif pour le président Keïta est que son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), et ses alliés obtiennent une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Soumaïla Cissé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle, avait été élu dès le premier tour dans sa circonscription de Niafunké, près de Tombouctou. Avec son parti, l’Union pour la République et la Démocratie (URD), il ambitionne de devenir le chef de l’opposition parlementaire afin de se repositionner sur la scène politique nationale.
Malgré l’importance de cette étape finale, la faible affluence des électeurs est toujours la plus signalée par les observateurs. Le Pôle d’Observation Citoyenne Electorale (POCE) qui a déployé 3 300 observateurs indépendants dans le pays a noté que « l’affluence est faible dans la plupart des centres de vote, à l’exception de ceux des circonscriptions de Gao et Ansongo (nord) où elle est relativement plus importante qu’au premier tour » du 24 novembre. Au premier tour, le taux de participation avait été nettement plus faible qu’à la présidentielle de l’été — 38,6 % contre 48,9 %. Certains observateurs trouvent que la faiblesse de participation est due à la crainte des Maliens après l’attaque qui a eu lieu la veille des élections. Un véhicule bourré d’explosifs a foncé, à Kidal, fief de la rébellion touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), sur la Banque Malienne de Solidarité (BMS) gardée par des soldats maliens et d’autres africains, appartenant à la force de l’Onu au Mali, la Minusma. Deux soldats sénégalais ont été tués, et au moins sept Casques bleus et plusieurs soldats maliens ont été blessés, certains grièvement.
L’attentat s’est produit alors que l’armée française a mené ces derniers jours une grande opération anti-djihadistes au nord de Tombouctou. Dix-neuf djihadistes ont été tués lors de cette opération, a confirmé dimanche Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères. « Il y a au nord encore un certain nombre de difficultés mais dans l’ensemble, le Mali est sécurisé », a-t-il ajouté.
Les groupes liés à Al-Qaëda ont été affaiblis par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier et toujours en cours, mais ils restent actifs, comme l’illustre l’attentat à la voiture piégée commis samedi à Kidal. En outre selon des observateurs, les législatives ne sont pas les seuls moyens qui mènent à une vraie stabilité dans la région. « Il faut que l’Etat déploie plus d’efforts dans le chemin des négociations avec tous les côtés surtout le MNLA », affirme Ayman Shabana, analyste et spécialiste des affaires maliennes, il ajoute qu’un vrai développement doit être restauré au nord, dominé par l’Azawad (MNLA) avant l’invasion des djihadistes. Cette région est la plus pauvre au Mali et elle est dépourvue de tout service. De plus et selon Shabana, le fait de faire participer le MNLA au pouvoir pourra résoudre l’un des conflits les plus graves que le Mali ait connus .
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