Alors que les deux hommes forts et ennemis de Madagascar, l’ex-président Marc Ravalomanana, et le chef de la transition, Andry Rajoelina, n’ont pas pu se présenter à l’élection présidentielle, dont le premier tour a eu lieu le 25 octobre dernier, ils se livrent un affrontement par procuration qui inquiète les observateurs. En effet, le second tour de la présidentielle malgache opposera le 20 décembre les candidats de ces deux hommes : Jean Louis Robinson, candidat de M. Ravalomanana, et Hery Rajaonarimampianina, pour le camp adverse, et qui ont recueilli respectivement 21,10 % et 15,93 % des voix au premier tour du 25 octobre, distançant largement les 31 autres candidats, selon des résultats proclamés vendredi par la Commission électorale (Cenit).
D’ores et déjà, dans une interview au Monde, M. Rajoelina a officiellement apporté son soutien à Hery Rajaonarimampianina et a annoncé qu’il était prêt à être premier ministre en cas de victoire. « Je ne pouvais pas soutenir officiellement un candidat au premier tour car ma mouvance avait plusieurs candidats. Mais dans la coulisse, j’ai soutenu Hery Rajaonarimampianina. J’ai donné des consignes. Pour le second tour, c’est désormais clair : Hery Rajaonarimampianina est le candidat de la mouvance Rajoelina, le candidat de la révolution », a reconnu Andry Rajoelina.
Le deuxième tour sera donc serré et sera tendu parce que les deux finalistes sont les représentants des protagonistes de la crise malgache. Cette crise avait éclaté en 2009 suite au renversement de Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina. « La possibilité d’une crise post-électorale n’est pas à écarter. Il incombe à la Cenit de faire son maximum pour minimiser toute forme de contestation », estime l’analyste Sahondra Rabenarivo.
Pour le moment, on est plutôt dans la phase « wait and see ». Le premier tour s’est globalement « bien passé », selon les observateurs, et l’atmosphère était détendue vendredi lors de la proclamation des résultats en présence des candidats, du gouvernement et du corps diplomatique. MM. Jean Louis et Rajaonarimampianina ont même échangé une poignée de main sous les acclamations de l’assistance. Ils ont fait la course en tête pendant tout le — très long — dépouillement des bulletins du premier tour et n’ont pas interrompu leur campagne.
« Nous partons sereins et nous pensons qu’il faut faire très attention au déroulement du scrutin. (...) Nous craignons des fraudes, c’est pour cela que nous allons vraiment couvrir l’ensemble des bureaux de vote avec nos délégués », a indiqué Mamy Rakotoarivelo, l’un des chefs de file du camp Ravalomanana. Robinson Jean Louis, un ancien ministre de la Santé de Marc Ravalomanana, s’est voulu rassembleur. « Hery Rajaonarimampianina n’est pas un ennemi, c’est un concurrent. Je lui souhaite aussi du succès si le peuple malgache vote pour lui », a-t-il affirmé. « Pour le deuxième tour, nous allons beaucoup parler de réconciliation nationale et solidarité nationale », a-t-il ajouté.
En face, le camp d’Andry Rajoelina était divisé, mais les neuf candidats qui en sont issus ont totalisé plus de 53 % des voix au premier tour, preuve que le rejet du régime actuel n’est pas si grand malgré la crise. Hery Rajaonarimampianina a reconnu vendredi devant la presse que son adversaire « a de l’avance », « mais l’avance n’est pas très grande ». « Je reste très confiant et je suis prêt à aller jusqu’au bout », a-t-il ajouté .
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