«Nous pensons que les choses peuvent s’améliorer pour ce qui concerne les élections législatives d’ici le 24 novembre. Nous avons bon espoir, parce qu’il y a des discussions et des actions fortes qui sont menées pour amener ceux qui sont partie prenante au dialogue (avec le gouvernement malien) à Ouagadougou à s’inscrire dans une dynamique positive ». C’est ce qu’a déclaré dimanche dernier Cheick Oumar Diarrah, ministre de la Réconciliation et du Développement du Nord, dans un entretien à
TV5 Monde,
Radio France Internationale (RFI) et au journal
Le Monde.
Des paroles qui se veulent rassurantes mais qui ne cachent pas que l’inquiétude est là, voire que le risque d’un report des élections n’est pas à éloigner. Dans sa déclaration, le ministre malien n’a pas précisé avec qui les discussions ont eu lieu. Mais il faisait référence au Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et au Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), groupes touaregs qui ont signé le 18 juin à Ouagadougou un accord avec Bamako ayant permis la tenue, en juillet et août, de la présidentielle à Kidal (extrême nord-est), chef-lieu de région où les rebelles, qui contrôlaient la ville, refusaient auparavant la présence des armée et administration maliennes.
Or, aujourd’hui, la situation n’est plus tout à fait la même, notamment dans le nord du pays où se sont produites ces dernières semaines des attaques djihadistes, dont l’assassinat de deux journalistes français, le 2 novembre dernier. De même, des affrontement ont repris vendredi dernier entre l’armée malienne et le MNLA dans le nord du pays. Trois membres du MNLA ont été tués. Mais les versions divergent sur les circonstances qui ont conduit à la mort des trois hommes.
Le MNLA accuse l’armée malienne d’avoir exécuté sommairement trois de ses hommes et d’en avoir torturé et grièvement blessé trois autres, alors qu’un porte-parole de l’armée malienne affirme que ce sont les hommes du MNLA qui ont ouvert le feu les premiers et que les trois combattants ont été tués durant l’échange de tirs.
Peu importe en fin de compte qui a commencé. Ce genre d’accrochage témoigne simplement de la fragilité de la situation sécuritaire dans le nord du Mali. « Je ne pense pas que ceux qui ont fait en sorte que (les deux journalistes) soient assassinés à Kidal soient aujourd’hui en mesure de faire en sorte que l’élection (les législatives, ndlr) ne puisse pas avoir lieu dans la région de Kidal. Ils n’ont aucun intérêt stratégique et ils se mettraient davantage en porte-à-faux avec la communauté internationale, la légalité internationale », a estimé le ministre Diarrah.
Kidal au centre de tensions
Pourtant, l’assassinat des deux journalistes ainsi que la reprise des combats entre l’armée malienne appuyée par les soldats de la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma) ont remis sur la table les débats sur la question de la sécurité à Kidal, qui échappe toujours au contrôle des forces de sécurité maliennes.
D’ailleurs, en marge de la cérémonie d’hommage aux deux journalistes français tués, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, l’a clairement déclaré : « (...) Dans cette ville, nos forces de sécurité sont confinées, l’arme au pied. Kidal échappe aujourd’hui à notre contrôle. Il faut que la souveraineté du Mali sur Kidal soit une réalité (...). Je veux que tout le monde prenne ses responsabilités ».
En effet, depuis l’avancée militaire française en début d’année, le MNLA a repris position à Kidal et tient deux lieux stratégiques du pouvoir : le gouvernorat et les locaux de la radiotélévision nationale. Récemment, le mouvement armé a annoncé, en accord avec le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), qu’il allait quitter les lieux le 14 novembre.
« Nous avons décidé de procéder à la remise officielle en présence des responsables de la Minusma », explique Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, qui confirme que la date de cette remise du gouvernorat et du local de la radiotélévision à Kidal aura lieu le 14 novembre.
« En contrepartie de ces gestes forts et importants, nous avons convenu que des arrangements sécuritaires doivent être trouvés dans les meilleurs délais. Parce qu’il faut rappeler que nous ne tenons pas au gouvernorat parce que c’est un élément politique. C’est plutôt un endroit stratégique en termes de sécurité », affirme Mossa Ag Attaher. Situés au centre-ville, ces deux lieux autant stratégiques que symboliques représentent toujours la puissance du mouvement azawadien à Kidal.
Du côté des autorités de Bamaka, on dit attendre du concret : « Ils disent qu’ils s’exécuteront le 14. Nous attendons le 14 pour voir que la décision a été exécutée », a déclaré Cheick Oumar Diarra. Et d’ajouter : « Si la décision est exécutée, ce sera une étape vers le lancement d’un dialogue constructif » .
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