Un soldat de l'armée congolaise criant victoire après la prise du dernier bastion du M23.
(Photo:AP)
« L’offensive continue, nous n’avons pas arrêté ». C’est ce qu’a déclaré à l’AFP le général Lucien Bahuma, commandant de la 8e région militaire congolaise, qui couvre la province du Nord-Kivu. Les combats se poursuivent donc dans cette région, où l’armée a mis les rebelles du M23 en déroute, depuis le lancement de l’offensive, le 25 octobre dernier.
En effet, l’armée congolaise semble vouloir en finir définitivement avec cette rébellion. La menace est claire : selon le porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Olivier Amuli, le gouvernement donne « une dernière chance à tous les combattants du M23 de se rendre » et d’éviter une offensive finale. Selon lui, les rebelles sont « pris en étau » depuis que la localité de Bunagana, fief politique et dernière place forte de la rébellion, a été reprise par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), la semaine dernière. Désormais, les rebelles ne contrôlent plus qu’un réduit aux confins du Rwanda et de l’Ouganda. « Presque toutes les positions du M23 ont été abandonnées », a déclaré cette semaine le chef de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), Martin Kobler. « Cela marque quasiment la fin militaire du M23 », a-t-il ajouté.
Cependant, il existe encore quelques centaines de combattants irréductibles du M23 qui se préparent à contre-attaquer et qui sont retranchés à près de 2 000 mètres d’altitude sur les collines verdoyantes de Mbuzi, Runyonyi et Chanzu. La plus importante est celle de Chanzu où, selon un expert européen du Nord-Kivu, les rebelles « ont stocké d’importantes quantités d’armes depuis longtemps ». Le M23 avait d’ailleurs publié auparavant un communiqué assurant que sa déroute des derniers jours n’était « nullement un signe de faiblesse », mais « un repli tactique ». Et, selon un officier de la Mission de l’Onu pour la stabilisation de la RDC (Monusco) cité par l’AFP, le M23 « a perdu beaucoup de munitions, d’armes lourdes, de vivres (...) il est très, très diminué, mais il n’est pas fini ».
Prochain accord ?
Ainsi, l’actuelle victoire militaire de l’armée congolaise ne peut à elle seule résoudre définitivement le problème. Les deux parties doivent reprendre les négociations interrompues quelques jours avant le lancement de l’offensive. Tout en menaçant les rebelles d’un assaut final, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a insisté sur le fait que « le succès de (la) contre-offensive militaire n’(était) pas une panacée ». Les actions « politiques et diplomatiques (...) nous paraissent être les seules à même de garantir une paix durable à notre pays », avait ajouté M. Mende, alors que les rebelles parlent depuis mercredi dernier de l’imminence de la signature d’un accord à Kampala. A cet effet, samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Raymond Tshibanda, est retourné à Kampala, où Kinshasa et les rebelles du M23 dialoguaient tant bien que mal depuis décembre.
Aucune information n’est pour le moment sûre. Certaines sources affirment que les discussions entre les deux parties ont repris la semaine dernière, et le retour de M. Tshibanda signifie a priori que le dialogue progresse.
Le chef adjoint de la délégation du M23 à Kampala, Roger Lumbala, a déclaré samedi dernier à l’AFP qu’« il restait un dernier point important (à négocier) concernant l’amnistie » que demandent les rebelles. Selon lui, la signature d’un accord « pourrait intervenir au courant de la semaine », compte tenu de l’agenda du ministre de la Défense ougandais, Crispus Kyonga, chef de la médiation entre les deux parties.
Lien court: