Les ministres des Affaires étrangères des 3 pays du Sahel lors de leur réunion vendredi 1er décembre.
L’annonce, en septembre dernier, d’une alliance militaire entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, prévoyant une assistance mutuelle en cas d’atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de ces trois pays africains du Sahel, n’est que le point de départ d’une union plus large rassemblant ces trois Etats africains du Sahel. Vendredi 1er décembre, les ministres des Affaires étrangères de ces trois pays ont recommandé la création d’une confédération avec pour ambition de parvenir, à terme, à une fédération. « Conscients du formidable potentiel de paix, de stabilité, de force diplomatique et d’émergence économique qu’offre une alliance politique renforcée, les ministres (…), guidés par l’ambition de parvenir, à terme, à une fédération réunissant le Burkina, le Mali et le Niger, recommandent aux chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel la création d’une confédération des trois pays », a dit un communiqué conjoint publié au sortir d’une réunion de deux jours à Bamako.
Durant ce rassemblement, les trois ministres ont insisté sur la diplomatie, la défense et le développement pour « consolider l’intégration politique et économique ». Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a également indiqué que les conclusions de cette réunion seront soumises aux chefs d’Etat qui doivent se réunir prochainement à Bamako.
Sur le plan économique, les ministres de l’Economie et des Finances des trois pays réunis le 25 novembre avaient recommandé la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement.
Circonstances similaires
Liés par les mêmes circonstances et confrontés également aux mêmes défis, les chefs d’Etat des trois pays sont venus tous lors de coups d’Etat. Le Mali et le Burkina Faso, respectivement dirigés par Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat en 2020 et 2022, avaient rapidement affiché leur solidarité avec les généraux de Niamey, menés par le général Abdourahamane Tiani, après leur prise de pouvoir fin juillet. Ensemble, ils ont créé, le 16 septembre, une « Alliance des Etats du Sahel » (AES).
En effet, les trois pays affrontent depuis quelques années une menace terroriste qui s’agrandit. De même, le sentiment antifrançais qui s’est propagé dernièrement dans la région du Sahel, ainsi que le désaccord entre les chefs militaires de ces trois pays et la France ont mené à la retraite des troupes françaises antiterroristes, et le recul du rôle français face à une existence et une position plus fortes de la Russie dans la région, à travers le groupe Wagner, des mercenaires russes. D’ailleurs, le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont suspendus des instances de la Cédéao, qui leur a imposé des sanctions économiques depuis leurs coups d’Etat militaires respectifs. Dans ce contexte, l’« opérationnalisation » en cours de l’AES, la manière dont elle se dessine, ressemble à la création d’une alternative à la Cédéao. « L’émancipation totale, la souveraineté pleine et entière et ne plus se voir imposer aucun diktat » a d’ailleurs martelé le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, citant les objectifs des pays de l’AES, jeudi 30 novembre. Une allusion à la Cédéao et à la France.
Selon les spécialistes, les procédures prises pour une intégration sur toutes les voies entre les trois pays vont certainement donner plus de légitimité aux chefs d’Etat militaires des trois pays et mèneront sans doute à renforcer leur position au pouvoir. Or, autant d’obstacles face à un développement durable et inclusif dans la région.
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