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Au Niger, un statu quo à haut risque

Sabah Sabet , (avec Agences) , Jeudi, 12 octobre 2023

Alors que les premiers soldats français doivent acter leur retrait du Niger dans les jours à venir, les efforts diplomatiques se poursuivent, notamment à travers une médiation algérienne. Mais la période de la transition divise toujours.

Au Niger, un statu quo à haut risque

Après une certaine hésitation, les Français se sont résignés à se retirer du Niger. Les autorités militaires du Niger ont annoncé cette semaine que 400 soldats français basés dans la ville d’Ouallam, dans le sud-ouest du pays, seraient les premiers à quitter le pays après l’annonce par la France du début du retrait de ses troupes. La France a déclaré qu’elle commencerait à retirer ses troupes du Niger cette semaine après que son président, Emmanuel Macron, eut souligné qu’il refusait d’être « pris en otage » par les militaires au pouvoir et qu’il mettait fin à la coopération militaire avec ce pays d’Afrique de l’Ouest. Les nouvelles autorités nigériennes ont par ailleurs assuré qu’elles veilleraient à ce que le départ se fasse dans l’ordre, en toute sécurité et « dans le respect de nos intérêts et de nos conditions ».

Le retrait militaire français intervient alors que se poursuivent les tentatives de parvenir à une issue à la crise politique née du coup d’Etat du 26 juillet dernier. La dernière en date vient de l’Algérie, voisin influent du Niger, qui a proposé, le 2 octobre, une médiation dans le cadre du plan de règlement présenté par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a chargé son chef de la diplomatie, Ahmed Attaf, de se rendre à Niamey dans les plus brefs délais pour y entamer des discussions avec toutes les parties prenantes. Dès la fin août, Alger avait proposé des discussions politiques « pendant six mois au maximum (…) avec la participation et l’approbation de toutes les parties au Niger sans exclusion », sous la tutelle d’une « autorité civile dirigée par une personnalité consensuelle et acceptée par tous les bords de la classe politique », afin de conduire au « rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays », comme l’a signalé le ministère algérien des Affaires étrangères. Le Nigeria, qui assure la présidence tournante de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a salué l’offre de médiation algérienne, rappelant que la diplomatie était toujours la voie privilégiée par la Cédéao.

Quelle transition ?

Or, jusqu’à présent, les Nigériens tergiversent. « Le gouvernement algérien a reçu par le canal du ministère nigérien des Affaires étrangères une acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise du Niger », a précisé la semaine dernière le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué. Aussitôt après, les autorités nigériennes ont exprimé leur désaccord. « Le ministère des Affaires étrangères a été surpris de relever à travers les réseaux sociaux et certains médias un communiqué du gouvernement algérien indiquant que le Niger aurait accepté la médiation de l’Algérie qui a proposé aux militaires une transition de six mois », a affirmé un communiqué du ministère des Affaires étrangères, précisant que « la durée de la transition ne pouvait être décidée que par un forum national inclusif », soulignant ainsi la volonté du pays de maintenir le contrôle sur ce processus.

Les nouvelles autorités du Niger, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), avaient annoncé la tenue d’un forum national inclusif, mais sans préciser jusqu’à l’instant une date précise. La seule indication concernant la durée de la transition émanait du général Abdourahamane Tiani, le nouvel homme fort du pays, qui avait déclaré en août que celle-ci ne devrait pas excéder trois ans.

Tout tourne donc autour de la problématique de la durée de la transition. Reste à savoir si l’Algérie, fortement engagée dans la recherche d’une solution diplomatique à la crise dès le début et opposée à l’option militaire envisagée dans un premier temps par la Cédéao, pourra mener à bien son rôle de médiateur. Car pour le moment, c’est un statu quo à haut risque qui règne au Niger. Avec un facteur de risque de plus, celui de la menace terroriste qui risque de s’aggraver avec le retrait français.

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