La dégradation de la situation sécuritaire se poursuit au Burkina Faso. Ce dernier étant affronté déjà aux attaques terroristes qui se multiplient, à un bras de fer avec la France et, récemment, à une nouvelle tentative de coup d’Etat, un report des élections, initialement prévues en juillet 2024 pour mettre fin à la période de transition actuelle, a été décidé. Les élections, « ce n’est pas une priorité, ça, je vous le dis clairement, c’est la sécurité qui est la priorité, dans ce pays miné par les violences djihadistes », a déclaré le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête du pouvoir, aux journalistes qui l’interviewaient vendredi 29 septembre soir à la Radiotélévision burkinabée (RTB). Si les élections ne constituent pas « une priorité », Traoré a néanmoins ajouté que « notre pari tient toujours » pour organiser un scrutin, sans préciser de date. Ces déclarations interviennent deux jours après une tentative déjouée d’un coup d’Etat qui a eu lieu le 24 septembre.
Quatre officiers arrêtés et deux autres en fuite sont accusés dans cette affaire. Interrogé sur cette tentative dévoilée, Traoré a évoqué « des individus manipulés », affirmant qu’il n’y avait « pas de malaise » dans l’armée. Ce récent coup d’Etat intervient quasiment un an jour pour jour après la prise de pouvoir par un putsch du capitaine Traoré, le 30 septembre 2022. Il s’agissait alors du deuxième coup d’Etat en 8 mois que connaissait le Burkina Faso, miné depuis près de 10 ans par des violences terroristes sanglantes sur une grande partie de son territoire. Lors de sa prise de pouvoir, Traoré avait notamment invoqué la dégradation de la situation sécuritaire pour justifier ce coup d’Etat.
Par ailleurs, Traoré a évoqué une « modification partielle » de la Constitution. Il a également déploré que le texte actuel ne reflète, selon lui, que « l’avis d’une poignée de personnes éclairées », au détriment d’une « masse populaire ». Et d’ajouter : « Les textes actuels ne nous permettent pas de pouvoir évoluer sereinement ». Traoré a rappelé avoir déclaré, « le premier jour » de sa prise de pouvoir, vouloir « faire le minimum de temps possible dans cette lutte », et ce, en permettant à tous les citoyens du pays leurs droits de voter dans un climat stable. Selon lui, les élections ne vont pas se concentrer uniquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, ainsi que dans quelques villes autour. « Il faut que tous les Burkinabés choisissent leur président », a-t-il affirmé, évoquant les deux villes épargnées par les menaces des attaques fréquentes. Depuis 2015, des violences terroristes récurrentes ont fait au seul Burkina plus de 17 000 morts et plus de 2 millions de déplacés internes. En outre, plusieurs milliers de personnes étaient descendues vendredi 29 septembre dans les rues de la capitale Ouagadougou et dans d’autres villes du pays à l’appel de soutiens du capitaine Traoré, pour le « défendre » face aux rumeurs de putsch qui agitaient les réseaux sociaux, et scandant des slogans hostiles à la France.
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