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Au Niger, la confusion

(avec Agences) , Ines Eissa , Mercredi, 13 septembre 2023

Alors que les nouvelles autorités nigériennes évoquaient la semaine dernière des échanges avec la Cédéao et la France, elles les ont accusées cette semaine de préparer une « agression » contre le Niger.

Au Niger, la confusion

Livrant de nombreux détails militaires, le régime nigérien issu du coup d’Etat a accusé la France de « déployer ses forces » dans plusieurs pays ouest-africains en vue d’une « agression » contre le Niger, dans un communiqué lu samedi 9 septembre à la télévision nationale. Mais l’accusation ne vise pas uniquement Paris, la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est aussi pointée du doigt. « La France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cédéao dans le cadre de préparatifs d’une agression contre le Niger, qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire », notamment « en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin », a déclaré un membre du régime, le colonel-major Amadou Abdramane. Pourtant, quelques jours plus tôt, le premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, affirmait que des échanges étaient en cours pour que les forces françaises basées dans le pays se retirent rapidement, tout en espérant maintenir une coopération avec la France. Rappelant que le gouvernement nigérien a dénoncé des accords militaires avec Paris, Ali Mahaman Lamine Zeine a affirmé que les forces françaises « sont dans une position d’illégalité » et a estimé que « les échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement que ces forces se retirent ». « Ce qui nous intéresse c’est, si possible, de maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses », a-t-il ajouté.

Mais Paris semble avoir fait volte-face. Alors que l’idée d’un retrait a été évoquée la semaine dernière par le ministère français des Armées, le président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé sa fermeté à l’issue du Sommet du G20 tenu cette semaine en Inde. « Si nous redéployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui », a-til affirmé dimanche 10 septembre depuis New Delhi. « Pas avec des responsables qui aujourd’hui prennent en otage un président », a-t-il continué.

Le même jour, le Niger évoquait des « manoeuvres » en cours dans la région qui ont pour but de « réussir une intervention militaire contre notre pays ». Alors qu’auparavant, le premier ministre récemment nommé au Niger avait affirmé que son pays avait « bon espoir de parvenir à une entente » avec les Etats ouestafricains qui brandissent la menace d’une intervention armée.

Distanciation américaine de la France

Pendant ce temps, le ministère américain de la Défense a annoncé, le 7 septembre, qu’il avait ordonné un repositionnement de ses troupes présentes au Niger. Le Pentagone « repositionne une partie de son personnel et de ses moyens de la base aérienne 101 de Niamey (la capitale) à la base aérienne 201 d’Agadez », plus au nord, a déclaré à la presse une porte-parole, Sabrina Singh. « Il n’y a ni de menace immédiate pour notre personnel ni de violence sur le terrain », a-t-elle ajouté, qualifiant cette décision de « mesure de précaution ». La porte-parole a également indiqué que « certains personnels non essentiels et sous-traitants » avaient quitté le pays il y a plusieurs semaines. Les Etats-Unis assuraient jusqu’au 26 juillet des missions de formation auprès de l’armée nigérienne. Ils mettaient également à disposition des troupes françaises et nigériennes leurs importants moyens en matière de renseignements, pour la lutte contre les groupes armés terroristes. Depuis le putsch, même si Washington a été bien moins critique à l’égard de la junte que Paris, la coopération sécuritaire avec le Niger a été temporairement suspendue.

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