Plusieurs combattants locaux ont été arrêtés dans la région de l’Amhara. (Photo : AFP)
Le gouvernement fédéral éthiopien a déclaré vendredi 4 août un état d’urgence de six mois dans le nord du pays à la suite de la multiplication des affrontements entre l’armée et des combattants locaux, la milice nationaliste Amhara (Fano). « Il est devenu nécessaire de déclarer l’état d’urgence car une situation a émergé, et il est devenu difficile de contrôler ce mouvement incompatible avec la loi actuelle », a annoncé un communiqué du bureau du premier ministre, Abiy Ahmed. L’escalade de la violence secoue cette région du nord de l’Amhara depuis plusieurs semaines et vient menacer sa sécurité et sa stabilité. En première réaction à la décision gouvernementale, les combattants locaux ont annoncé qu’ ils contrôlaient trois villes de l’Amhara. Ces nouveaux combats dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique interviennent neuf mois à peine après la fin d’un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré, qui a aussi impliqué des combattants de l’Amhara. A l’époque, les forces amhara ont été des alliées capitales du gouvernement fédéral durant la guerre qu’il avait menée contre les autorités dissidentes de la région du Tigré, voisine de l’Amhara, entre novembre 2020 et novembre 2022.
Mais des tensions ont émergé en avril après que le premier ministre avait annoncé vouloir démanteler les « forces spéciales », des unités paramilitaires créées par de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d’années. Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région. Le gouvernement avait alors procédé à des arrestations des leaders de ces combattants. Le service de communication du gouvernement a indiqué que ceux qui aggravent la crise sécuritaire (et se livrent à) divers actes de destruction ont été arrêtés, sans donner plus de détails ni sur le nombre d’arrestations ni leurs dates.
Le gouvernement a plus tard précisé que les mesures étaient en vigueur dans l’Amhara « pour six mois » et qu’elles pourraient être étendues « au niveau national concernant toute situation ou tout mouvement qui aggrave le problème sécuritaire ». Selon le décret ayant imposé l’état d’urgence dans la région e l’Amhara, toute personne surprise en violation de ses dispositions peut encourir « une peine d’emprisonnement de trois à dix ans ». Le même décret permet que les suspects soient fouillés et détenus sans mandat.
Le nord de l’Ethiopie se remet à peine de deux ans d’un conflit meurtrier au Tigré entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Un accord de paix a été signé en novembre 2022, mais le texte mécontente une large partie de la communauté amhara, deuxième peuple d’Ethiopie en nombre. Le TPLF réclame notamment, en vertu de cet accord, le départ des forces amhara qui ont investi le Tigré occidental, zone administrativement rattachée au Tigré mais revendiquée par les Amhara.
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