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Guinée : sous tension

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 08 octobre 2013

La communauté internationale multiplie ses consultations afin d'éviter une explosion de violence en Guinée, où l'opposition crie à la « fraude » et réclame l’annulation des législatives du 28 septembre dernier, dont le pouvoir revendique la victoire.

C’est un scénarioclassique post-électoral que vit la Guinée en ce moment : Le parti au pouvoir revendique la majorité aux élections législatives et l’opposition demande l’annulation du scrutin pour fraude massive. Les opposants, qui dénoncent depuis des mois les conditions d’organisation des législatives qui ont eu lieu le 28 septembre dernier, menacent de faire descendre leurs partisans dans les rues, engageant ainsi une confrontation à haut risque.

En fait, depuis le début de l’année, les manifestations d’opposants au président Alpha Condé, élu en 2010, ont systématiquement dégénéré en violences, faisant une cinquantaine de morts et des centaines de blessés. Face à cette situation, le représentant spécial de l’Onu en Afrique de l’Ouest, l’Algérien Saïd Djinnit, arrivé vendredi dernier à Conakry, multiplie les consultations, épaulé par les représentants des Etats-Unis, de la France, de l’Union Européenne (UE) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). « Notre priorité, c’est d’éviter les violences », a déclaré à l’AFP l’ambassadeur des Etats-Unis à Conakry, Alexander Laskaris. « Si l’on veut que le pays décolle, il faut tourner cette page électorale », dit encore un diplomate sous le couvert de l’anonymat. Samedi soir, à l’issue de longues tractations, d’abord avec les chefs de l’opposition, puis au sein d’un « comité de suivi » du processus électoral, Djinnit a arraché aux parties une « déclaration » minimaliste appelant au calme et à une publication, « le plus rapidement possible » et « dans la transparence », des résultats. « C’est un voeu pieux, une suggestion mais qui n’aura aucun effet », a réagi dimanche dans une déclaration à l’AFP le porte-parole de l’opposition, l’ancien premier ministre Sydia Touré, pour qui la Commission électorale nationale indépendante (Céni) s’est « totalement discréditée ». Touré a confirmé aussi que l’opposition maintenait sa position et exigeait toujours l’annulation du scrutin. Il accuse la Céni d’avoir invalidé des milliers de votes dans les circonscriptions favorables aux opposants tout en créditant le parti au pouvoir de « scores soviétiques » dans ses fiefs. Dès lundi, les observateurs de l’UE avaient regretté « d’importantes carences organisationnelles », citant en particulier un fichier électoral « ni épuré ni consolidé », le « manque de transparence » et la « politisation » de la Céni, un recours « massif » du parti au pouvoir aux moyens de l’administration, des anomalies dans la cartographie électorale, etc.

Considérée comme l’un des pays les plus pauvres de la planète — plus de la moitié de ses 11 millions d’habitants vit avec moins d’un dollar par jour, la Guinée est souvent qualifiée de « scandale géologique », tant son sous-sol regorge de gisements miniers (bauxite, fer, or, pétrole, diamants ...), dont certains sont encore inexploités et très convoités. Ainsi, avec l’annonce des résultats définitifs qui seront certainement, selon l’opposition, en faveur du parti au pouvoir qui insiste sur le fait de ne pas répondre à la demande de l’opposition, la situation deviendra de plus en plus critique.

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