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Au Soudan et dans la région, une grave crise humanitaire à l’horizon

Sabah Sabet , (avec Agences) , Mercredi, 03 mai 2023

Le conflit au Soudan pourrait plonger toute l’Afrique de l’Est dans une crise humanitaire et migratoire sans précédent

Au Soudan et dans la région, une grave crise humanitaire à l’horizon

Les combats au Soudan, qui sont entrés dans leur troisième semaine, continuent de pousser des milliers de civils à l’exil. Dans la capitale, le manque de vivres pourrait mettre en danger les habitants les plus faibles. Le Soudan souffrait déjà, avant le déclenchement de ce conflit, du manque des besoins humanitaires. Les combats actuels ne font qu’aggraver la crise et les besoins humanitaires atteignaient un niveau record. Selon l’Onu, avant ces récents développements, jusqu’à 15,8 millions de personnes, soit un tiers de la population du pays, avaient besoin d’aide humanitaire. Quatre millions d’enfants et de femmes enceintes et allaitantes souffraient de malnutrition.

Depuis, la situation a empiré. Quelque 3,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. « Les combats sont en train de rapidement transformer une crise humanitaire déjà grave en catastrophe », a déclaré l’adjointe du secrétaire général de l’Onu pour les affaires humanitaires, Joyce Msuya. Les répercussions du conflit se feront sentir dans toute la région et, selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la violence au Soudan pourrait plonger toute l’Afrique de l’Est dans une crise humanitaire.

La nouvelle vague de réfugiés pourrait de son côté avoir des conséquences dramatiques, notamment pour les pays voisins qui partagent des frontières avec le Soudan, comme le Tchad, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, l’Erythrée, la Libye et la République centrafricaine (voir aussi pages 6 et 22). Ces pays ont vu arriver des milliers de réfugiés au cours des derniers jours et font face tant bien que mal à l’afflux de populations traumatisées. « Avant cette dernière crise, le Soudan accueillait déjà plus d’un million de réfugiés et le pays comptait 3,7 millions de déplacés internes », énumère Olga Sarrado, porte-parole global de l’UNHCR. Elle ajoute que la prise en charge de ces nouveaux flux de réfugiés s’annonce plus complexe que jamais. « Dans ces pays, les opérations humanitaires, que ce soit le HCR ou d’autres ONG, n’ont pas reçu les fonds nécessaires pour répondre aux besoins de la population », explique-t-elle.

D’ailleurs, des augmentations de prix des denrées alimentaires ont également été observées au Tchad et au Soudan du Sud voisins, qui ont accueilli des milliers de réfugiés soudanais au cours des deux dernières semaines. Et ce, alors que la situation alimentaire dans la région était déjà tendue en raison de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs ans. Au Tchad par exemple, avant même le début des affrontements au Soudan, le PAM alertait sur le manque de moyens auquel il faisait face au Tchad. « Si aucun financement supplémentaire n’est reçu, l’assistance alimentaire sera interrompue à 100 % en mai 2023 pour les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays », avait auparavant averti Pierre Honnorat, directeur du PAM au Tchad. Pour le Soudan du Sud aussi, la crise migratoire qui débute promet d’être un défi de taille : plus de 800 000 Sud-Soudanais sont réfugiés au Soudan et bon nombre d’entre eux cherchent maintenant à rentrer dans leur pays d’origine et ce n’est que le début de cet exode. Pour Marie-Hélène Verney, représentante du HCR au Soudan du Sud, « le scénario le plus probable est de 125 000 retours de réfugiés sud-soudanais et de 45 000 réfugiés ».

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