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Mobilisation régionale contre les Shebab

Sabah Sabet , (avec Agences) , Mercredi, 08 février 2023

Les chefs d’Etat de la Corne de l’Afrique étaient réunis la semaine dernière en Somalie pour lancer une stratégie de lutte contre le mouvement Shebab. Explications.

Mobilisation régionale contre les Shebab
Les Shebab restent implantés en Somalie et mènent des attaques meurtrières. (Photo : AP)

15 ans après sa création en Somalie, le mouvement Shebab poursuit ses menaces et continue à lancer des attaques à l’intérieur de la Somalie. Malgré les efforts locaux et internationaux pour l’éradiquer, le mouvement a franchi les frontières somaliennes et mène des attaques dans les pays voisins.

Les chefs d’Etat de la région de la Corne de l’Afrique ont décidé de se mobiliser dans le but de renforcer les efforts et de mettre en place une stratégie de lutte contre ce mouvement affilié d’Al- Qaëda. Mercredi 1er février, le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, a accueilli dans la capitale Mogadiscio ses homologues djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, kényan William Ruto et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Selon un communiqué du gouvernement somalien, ce sommet régional a pour but de « discuter des moyens de faire face » à l’insurrection armée des Shebab qui dure depuis une quinzaine d’années. Les dirigeants africains ont assuré que la réunion a convenu de donner une impulsion finale aux opérations conjointes « dans les zones qui restent aux mains des terroristes afin de libérer complètement l’ensemble de la Somalie de ce mouvement ». Les participants ont aussi convenu de planifier et d’organiser conjointement une campagne opérationnelle robuste (…) afin de poursuivre et de détruire les Shebab sur plusieurs fronts, visant (ses) principaux bastions stratégiques dans le sud et le centre de la Somalie.

Après avoir pris ses fonctions en mai dernier, Hassan Cheikh Mohamud avait déclaré la guerre totale contre les extrémistes Shebab. II a lancé ces derniers mois une offensive militaire contre le mouvement qui combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale.

Chassés des principales villes du pays en 2011-2012, les Shebab restent solidement implantés dans les zones rurales et mènent des attaques meurtrières en Somalie.

En septembre, le président avait envoyé l’armée soutenir des milices locales, connues sous le nom de « macawisley », qui s’étaient révoltées contre les Shebab. Cette offensive, appuyée par la force de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et des frappes aériennes américaines, a permis de reconquérir de vastes territoires dans le centre du pays. Mais les Shebab continuent de mener des attentats sanglants, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations gouvernementales et militaires somaliennes.

La nécessité d’une volonté internationale

En outre, la menace des Shebab a franchi les frontières somaliennes et des attentats sanglants ont visé des pays voisins comme le Kenya, l’Ouganda et, dernièrement, l’Ethiopie. Profitant des troubles dus au conflit entre les forces gouvernementales et les forces rivales du Tigré en Ethiopie, le mouvement s’est tourné vers ce pays, ce qui constitue, selon des observateurs, un changement stratégique important, surtout que le mouvement extrémiste n’avait jamais été en mesure de mener des opérations majeures à l’intérieur du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique et longtemps considéré comme un point d’ancrage de la sécurité dans la Corne de l’Afrique. « Cette campagne urgente empêchera toute infiltration de futurs éléments (Shebab) dans la région au sens large », ont souligné les dirigeants africains lors du sommet.

Mohamad Abdel-Wahed, expert sécuritaire et spécialiste des affaires africaines, salue cette initiative, surtout que la mission de l’ATMIS doit partir d’ici la fin 2023. « C’est un pas important. Le mouvement Shebab montre de temps à autre qu’il est capable de mener des opérations en dehors de son champ d’action ». Mais pour éradiquer le terrorisme, il faut une volonté internationale et un fort soutien. « Sans l’appui financier, logistique et de renseignements, de la communauté internationale, ces efforts seraient vains », assure l’expert. Il estime que les Etats-Unis, qui participent déjà à la lutte contre les Shebab, soutiendront cet effort régional « pour ne pas donner l’occasion à la Russie, via la compagnie Wagner, d’intervenir dans la Corne de l’Afrique comme elle l’a fait dans d’autres pays de la région ».

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