Il y a un mois, l’Union européenne et la Mauritanie signaient un accord de pêche pour une durée de deux ans. Considéré comme « très avantageux » pour la Mauritanie, l’accord est cependant contesté par plusieurs pays européens, particulièrement par l’Espagne qui estime que certains « aménagements ne tiennent pas compte des intérêts de la partie européenne ».
Parallèlement à l’accord, le Parlement européen votait une résolution indiquant que la surexploitation de certaines ressources halieutiques a « réduit les possibilités de pêche des petits pêcheurs mauritaniens et donné un avantage concurrentiel à l’industrie de l’Union, en raison de l’accès subventionné dont bénéficient les navires de l’Union européenne ».
L’accord comporte des compensations financières de 113 millions d’euros par an pour la Mauritanie, une durée limitée de deux ans et l’obligation pour les navires européens d’embarquer des marins mauritaniens à hauteur de 60 % de leur effectif. En outre, il interdit aux Européens la pêche du poulpe, et une limitation des captures de crustacés est précisée. La protection de la pêche en Afrique n’est pas une nouveauté : sept pays de l’Afrique de l’Ouest sont en train de mettre à jour des dispositifs juridiques et fiscaux relatifs aux investissements privés dans le secteur de la pêche. L’étude qui aborde la question de l’investissement dans le secteur de la pêche devrait déboucher également sur des propositions et recommandations visant à créer un environnement juridique propice à la promotion de ces investissements.
Depuis 2005, les chefs d’Etat et de gouvernement africains ont adopté un plan d’action pour protéger et développer le secteur de la pêche en Afrique. La mise en oeuvre de ce plan d’action devrait suivre une approche « pilote » avec des programmes qui devraient se concentrer sur les domaines d’importance stratégique régionale et qui serviront de cadre pour toute l’Afrique.
Devenu une des exportations principales du continent avec une valeur de plus de 4 milliards de dollars, le poisson contribue à la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d’Africains et fournit un revenu à plus de 10 millions de personnes, et les économies d’Afrique de l’Ouest sont, en effet, grandement tributaires de la pêche.
C’est en reconnaissance à la contribution des pêcheries africaines, tant de l’intérieur que des pêcheries marines, à la sécurité alimentaire et aux revenus de plusieurs millions d’Africains, que depuis cette date-là des consultations techniques régionales ont été organisées au sein du Programme Détaillé de Développement Agricole pour l’Afrique (PDDAA).
Les eaux au large des côtes d’Afrique de l’Ouest comptent parmi les eaux du monde où l’activité de pêche est la plus intense, et pour les nombreuses communautés côtières le poisson est l’un des produits-clés du développement économique et social. Mais la richesse de ces ressources pélagiques attire aussi des navires-usines et chalutiers de provenance étrangère, qui pillent ces ressources. En effet, une série d’accords bilatéraux, entre pays Nord et pays Ouest-africains, en particulier le Sénégal, le Maroc et la Mauritanie, avait vendu des droits de pêches à des flottes de chalutiers-usines battant pavillon Union européenne, chinois et japonais. La pêche à outrance, ou surpêche, pratiquée par ces flottes de chalutiers-usines, aurait non seulement ruiné les ressources naturelles de ces pays, mais aurait aussi réduit parallèlement le nombre traditionnel de pêcheurs dans la région.
Si, dans le passé récent, les pêches étaient abondantes dans ces eaux — considérées en théorie comme étant de grandes réserves de pêche, aujourd’hui la pêche miraculeuse n’existe plus. Tout au long de l’année, la présence accrue de chalutiers venus d’Europe et d’Asie (France, Espagne, Italie, Grèce, Portugal, Japon, Chine et Russie) a entraîné une diminution des réserves halieutiques qui menace l’existence des artisans pêcheurs et le développement durable d’un secteur économique majeur. Longtemps perçue comme un problème socioéconomique, la pêche est devenue aussi un « désastre environnemental ».
On se rend compte à présent que la surexploitation des ressources met en danger la reproduction des espèces. De même, les campagnes pour la pêche durable lancées par les mouvements environnementalistes, qui n’ont commencé à s’intéresser à la pêche qu’au début des années 1990, commencent seulement aujourd’hui à porter leurs fruits. Dans un rapport sur l’avenir de l’environnement en Afrique publié il y a quelques années, le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) affirmait que les « riches régions côtières et marines du continent sont en danger du fait de la pollution, de la surexploitation des ressources, de l’érosion et des impacts potentiels des changements climatiques ». En outre, le rapport indiquait que « la surexploitation des ressources halieutiques par les flottes de pêche locales et étrangères a provoqué une réduction des stocks au point que les dix prochaines années verront un important déclin de l’offre dans toute l’Afrique »
Lien court: