Dakar,
De notre envoyé spécial,
La stabilité, la pauvreté, les migrations irrégulières, les changements climatiques, l’insécurité sanitaire et énergétique, et l’insécurité alimentaire liée à la guerre en Ukraine. Tels étaient les principaux thèmes de la 8e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique tenu les 24 et 25 octobre au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD). Sous le slogan « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souverainetés », cet événement a regroupé, autour d’une même table, plusieurs chefs d’Etat et membres de gouvernements ainsi que des dirigeants d’institutions internationales, non gouvernementales et du secteur privé. La nouvelle édition intervient cette année dans un contexte particulier où le président Macky Sall assure la présidence en exercice de l'Union Africaine (UA).
Les grands défis de l’Afrique
En outre, le forum Dakar 2022 intervient cette année dans un contexte de défis majeurs en matière de développement et de paix en Afrique. Sur le plan sécuritaire, « le terrorisme continue de représenter une menace sérieuse pour la sécurité et la stabilité régionale et continentale », a expliqué la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais à l’extérieur, Aïssata Tall Sall. Et d’ajouter : « Aux défis persistants de la pauvreté, de l’exclusion sociale et des migrations irrégulières, déjà exacerbés par les conflits et les changements climatiques, se sont également greffés, aujourd’hui, ceux encore plus préoccupants de l’insécurité alimentaire, sanitaire et énergétique ». Sall a également prévenu que l’insécurité alimentaire engendrée par la guerre en Ukraine est une menace grandissante, en soulignant que la crise alimentaire qui a suivi ce conflit « menace près de 300 millions de personnes dans le monde ». Elle a ajouté : « En passant en revue les défis qui se posent avec acuité à l’Afrique, l’on constate aisément leur caractère exogène, ce qui révèle la vulnérabilité du continent face aux tensions géopolitiques qui, avec l’essoufflement du multilatéralisme, laissent peu de marge de manœuvre aux Etats africains ». « Il y a une impérieuse nécessité de relever le défi de la souveraineté dans ces secteurs stratégiques que sont l’agriculture, la santé et l’énergie », a-t-elle conclu.
Parmi les sessions importantes du Forum figurent les débats sur « l’Autonomisation stratégique du continent dans le domaine de la sécurité », qui a abordé les orientations stratégiques à adopter, afin de favoriser davantage l’autonomie sécuritaire de l’Union Africaine et des organisations régionales du continent. « Les crises globales et les souverainetés en Afrique » est une autre session qui avait pour objectif de dessiner les contours de nouveaux modèles de souverainetés africains, plus résilients, afin de permettre aux Etats de faire face plus efficacement aux crises internationales.
Le changement climatique au cœur du Forum
Faire face au changement climatique était également au centre des discussions à Dakar. Selon les experts, la baisse des rendements agricoles et la croissance démographique exerceront une pression supplémentaire sur un système de production alimentaire déjà fragile. Si la situation actuelle perdure, l’Afrique ne pourra subvenir qu’à 13 % de ses besoins alimentaires d’ici 2050. D’autant plus que les changements climatiques tels que la hausse des températures et la réduction des réserves en eau, ainsi que la dégradation des écosystèmes, ont un impact sur l’agriculture. C’est pourquoi il faut trouver une solution rapide et efficace par les Etats africains et les organisations internationales. Les analystes considèrent donc que les pays africains doivent protéger et consolider leurs ressources hydriques, cruciales pour la sécurité alimentaire.
Autre défi : les crises d’Ebola et de Covid-19 ont révélé la faiblesse des dispositifs sanitaires institutionnels en Afrique et ont affecté la stabilité interne de plusieurs Etats. D’autres facteurs politiques, économiques et sociaux fragilisent le continent, amenant plusieurs Etats à délaisser et à marginaliser des régions périphériques, notamment les zones frontalières. Dans la majorité des pays, une population de plus en plus jeune revendique davantage d’intégration sociale, d’emplois et d’opportunités.
Dans cet effort indispensable pour réaliser ou renforcer les conditions d’une stabilité durable sur le continent, les analystes trouvent que les communautés ont un rôle crucial à jouer, notamment pour instaurer la confiance mutuelle entre les différentes composantes de la population, et surtout dans la prévention et le règlement des conflits en cours. Il importe donc de replacer les communautés au cœur de la recherche de solutions, de promouvoir et de réhabiliter le dialogue intercommunautaire en tant qu’outil irremplaçable dans la gestion des conflits en Afrique.
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