La crise politique en Guinée, ainsi que la tension entre la Côte d’Ivoire et le Mali, tels sont les sujets discutés lors du sommet extraordinaire de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenu jeudi 22 septembre en marge de l’Assemblée générale de l’Onu. Bien que cette réunion fût à la demande d’Abidjan au sujet des militaires ivoiriens détenus depuis juillet au Mali, les dirigeants des pays ouest-africains ont fait de la situation politique en Guinée le sujet principal. Les participants ont décidé de prendre des « sanctions progressives » contre la junte militaire en Guinée face à son inflexibilité sur une date de retour des civils au pouvoir, a déclaré à l’AFP le président de la commission de la Cédéao, Omar Aliou Touray, lors de ce sommet à huis clos tenu à New York.
En effet, les dirigeants de la Cédéao reprochent aux militaires, arrivés au pouvoir en septembre 2021, après avoir renversé le président Alpha Condé, de ne pas envisager le retour des civils au gouvernement avant au moins trois ans. Selon plusieurs participants, le président en exercice et le président de la commission de la Cédéao vont établir très rapidement une liste de personnes à sanctionner et, de manière graduelle, appliquer ces sanctions. Le président de la Cédéao, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, a déjà prévenu dans une interview aux médias français RFI et France 24, la veille du sommet, que la Guinée allait au-devant de « lourdes sanctions ». En effet, après des mois d’incertitude sur le calendrier de la transition, la junte a annoncé, le 30 avril 2022, que celle-ci durerait 3 ans là où les partis politiques préconisaient un calendrier de 18 mois, et la Cédéao faisait pression pour un passage express de 6 mois de la junte au pouvoir. Cette transition prolongée en Guinée est donc la cause principale de l’attitude de l’Organisation ouest-africaine contre la junte.
Les tensions entre Bamako et Abidjan étaient un autre sujet important discuté par les dirigeants de la Cédéao. C’est la Côte d’Ivoire qui avait appelé, il y a quelques jours, à la tenue d’un sommet « dans les meilleurs délais » devant l’aggravation du contentieux avec le Mali. Les relations se sont détériorées avec l’arrestation des soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako le 10 juillet. Ils devaient, selon Abidjan et l’Onu, participer à la sécurité du contingent allemand des Casques bleus au Mali, mais Bamako a dit les considérer comme des « mercenaires » venus attenter à la sûreté de l’Etat.
Face à cette crise, les leaders de la Cédéao, qui se sont réunis à l’exception du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, suspendus de l’organisation, se sont accordés pour réclamer la libération des militaires ivoiriens détenus au Mali.
Pour plus d’action, la Cédéao va aussi envoyer 3 chefs d’Etat au Mali pour obtenir la libération des Ivoiriens détenus. « Nous condamnons l’arrestation des militaires ivoiriens, la Cédéao dépêchera au Mali les présidents du Ghana, du Togo et du Sénégal pour obtenir leur libération », a dit Omar Aliou Touray.
L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder plusieurs coups de force ces dernières années, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, la Cédéao multiplie les sommets, les médiations et les pressions, pour raccourcir les périodes de transition avant un retour des civils à la direction de leur pays.
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