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La nouvelle politique africaine de Washington

Maha Salem , (avec Agences) , Mercredi, 17 août 2022

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a effectué cette semaine une tournée africaine. Washington entend renforcer sa présence dans le continent face à l’extension de la présence d’autres puissances.

La nouvelle politique africaine de Washington

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a effectué, du 7 au 11 août, sa deuxième tournée en Afrique, où il s’est rendu en Afrique du Sud, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. L’année dernière, il s’était rendu au Kenya, au Nigeria et au Sénégal. Sa tournée suit de peu la visite en Afrique, fin juillet, du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, passé par le Congo-Brazzaville, l’Ouganda, l’Egypte et l’Ethiopie. Elle suit aussi celle, au début de juillet, du président français, Emmanuel Macron, au Bénin, au Cameroun et en Guinée- Bissau. Selon les experts, sa visite à Pretoria, Kinshasa et Kigali vise à tenter de rapprocher la diplomatie africaine du camp occidental et contrecarrer l’influence russe sur le continent.

De son côté, Blinken a annoncé qu’il veut montrer aux pays africains « qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et qu’ils sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d’un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales ». Avant la guerre en Ukraine, la diplomatie américaine en Afrique se concentrait surtout sur la compétition avec la Chine, qui a fait d’importants investissements dans les infrastructures sur le continent africain et qui, à l’inverse des Etats-Unis, l’a fait sans demander de contrepartie aux Etats sur la démocratie ou les droits humains.

Mais après cette tournée de Blinken, les analystes ont affirmé que Washington veut changer sa politique et son orientation dans ce continent. Washington entend contrer la présence russe et chinoise et développer notamment des approches non militaires contre le terrorisme.

Quatre objectifs sur cinq ans

Cette réorientation, qui reconnaît au passage l’importance démographique croissante de l’Afrique, son poids à l’Onu tout comme ses immenses ressources naturelles et opportunités, intervient également alors que certains critiques affirment que l’accent mis par les Etats-Unis sur la lutte militaire contre les groupes extrémistes en Afrique n’a pas beaucoup porté ses fruits. « Les Etats-Unis ont tout intérêt à s’assurer que la région reste ouverte et accessible à tous, et que les gouvernements et les populations puissent faire leurs propres choix politiques. Des sociétés ouvertes sont généralement plus enclines à travailler de concert avec les Etats-Unis, attirent plus de commerce et d’investissement américain et contrent les activités nuisibles de la République populaire de Chine, de la Russie et d’autres acteurs étrangers », souligne le nouveau document d’orientation intitulé Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne.

Le document détaille quatre objectifs pour cinq ans : favoriser les sociétés ouvertes, offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité, travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économiques, soutenir la préservation et l’adaptation au climat, et une transition énergique juste. L’attention des Etats- Unis pour l’Afrique a souvent été reléguée au second plan et l’Administration américaine espère changer de pied. Pour réaliser ses objectifs, l’Administration américaine entend organiser à Washington un sommet américanoafricain en décembre prochain. En effet, le document américain égrène les griefs de la Maison Blanche contre Pékin et Moscou en Afrique. Il suggère que Pékin s’y comporte comme dans une « arène pour défier l’ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques et affaiblir les relations des Etats- Unis avec les peuples et les gouvernements africains ». Quant à la Russie, elle « considère la région comme un environnement permissif pour les sociétés paraétatiques et militaires privées, créant souvent de l’instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier ».

Le document américain pointe aussi l’usage de la désinformation tout en faisant référence au rôle des mercenaires russes en pointant le groupe Wagner, accusé d’exactions, notamment en Centrafrique. Le document suggère un effort accru pour endiguer la récente vague d’autoritarisme et de coups d’Etat militaires en travaillant avec des alliés et des partenaires dans la région pour répondre au recul démocratique et aux violations des droits de l’homme. Il ajoute que les Etats-Unis utiliseront leur capacité unilatérale, autrement dit militaire, contre des cibles terroristes uniquement là où c’est légal et là où la menace est la plus aiguë. Le but est de donner la priorité aux « approches dirigées par des civils lorsque c’est possible et efficace ».

Dans ce contexte, le soutien des Etats-Unis à la reprise de la région après les graves conséquences économiques de la pandémie de coronavirus « est une condition préalable pour regagner la confiance de l’Afrique dans le leadership mondial des Etats-Unis », d’après le document.

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