A la télévision, le chef de l’armée et le numéro un du Conseil souverain — plus haute autorité du pays — a annoncé que « l’armée ne participera plus au dialogue » national lancé sous l’égide de l’Onu et de l’Union Africaine notamment, disant vouloir laisser les forces civiles former un « gouvernement de personnalités compétentes ». « Après sa formation (...) nous allons dissoudre le Conseil souverain et former un conseil suprême des forces armées » qui ne sera plus en charge que des questions de « défense et de sécurité », a-t-il ajouté.
Malgré cette annonce, de nouveaux manifestants sont sortis dans les rues de la capitale pour monter des barricades. Les manifestants ne quittent plus leurs trois sit-in à Khartoum, dans sa banlieue nord-ouest Omdourman et dans sa banlieue nord-est Khartoum-Nord.
Jusqu’ici, les Forces pour la Liberté et le Changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch, refusaient de participer au dialogue national. « Nous n’avons pas d’interlocuteur », répétaient leurs cadres, tandis que les partis politiques et les comités de résistance, qui organisent les manifestations, assuraient ne pas vouloir discuter avant la fin de la répression. L’armée et ses alliés — paramilitaires ou ex-rebelles ayant signé la paix avec Khartoum — en revanche ne cessaient d’appeler à rejoindre la table des négociations.
L’allocution de lundi change totalement cette donne. Les FLC tenaient lundi soir une « réunion en urgence » pour décider de la marche à suivre après l’annonce du général Burhane, a indiqué l’un de leurs cadres à l’AFP. Les forces civiles doivent composer entre une communauté internationale qui fait pression pour des négociations entre civils et militaires et une rue qui scande depuis avant même le putsch : « ni partenariat, ni négociation » avec des généraux. Elles héritent d’un pays en plein marasme politique et surtout économique. L’économie, ne cesse de plonger, entre dévaluation exponentielle et inflation à plus de 200 %.
Lien court: