Lors de la cérémonie de signature de l’accord, Hamdok et Burhan se sont dit engagés à remettre sur les rails
la transition vers la démocratie.
(PHOTO:AP)
Abdallah hamdok est redevenu premier ministre. Voilà ce que l’on sait de l’accord conclu entre lui et le général Abdel-Fattah Al-Burhan, qui l’avait écarté du pouvoir il y a à peine un mois. Les deux hommes ont donc signé un accord en vertu duquel ils s’engagent à relancer la transition démocratique au Soudan, censée aboutir à un transfert de pouvoir aux civils et à des élections.
L’accord porte également sur la libération des responsables civils. Suite à cette annonce pour le moins que l’on puisse dire inattendue, Hamdok a tenu un bref discours aux côtés d’Al-Burhan, évoquant simplement le retour de la transition vers la démocratie. Il a promis de « faire cesser avant toute chose l’effusion de sang au Soudan ». « Cet accord ouvre grand la porte à la résolution de tous les défis de la transition », a-t-il encore dit. Le général Burhan, lui, l’a « remercié pour sa patience ». Autre annonce : le prochain gouvernement devra être composé de technocrates.
Avec la libération des détenus politiques, la réinstallation de Hamdok et un retour à un partage du pouvoir entre civils et militaires, les conditions posées par la communauté internationale semblent remplies. La pression était en effet forte sur Khartoum depuis le coup de force du 25 octobre dernier. Mais a prévenu aussitôt l’Onu: « Tous les acteurs soudanais doivent désormais agir de façon constructive et de bonne foi pour restaurer l’ordre constitutionnel et la transition ».
La fin de la crise ?
Mais pourquoi cet accord maintenant et que signifie-t-il ? Selon les observateurs, Burhan aurait été motivé par les pressions externes, Hamdok par la violence qui s’est emparée de la rue avec tous les risques de dérapage qu’elle inclut. Or, il en perd de sa crédibilité auprès du peuple. Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, explique: « Les pressions internationales sur Khartoum étaient fortes. Les aides financières ont été suspendues. L’Union africaine a suspendu le Soudan de ses instances, Washington a menacé d’imposer des sanctions économiques et politiques et brandi même la menace de réintégrer le Soudan dans la liste des pays soutenant le terrorisme ». Parallèlement, ajoute-t-elle, « il y avait les pressions internes avec les manifestations quasi quotidiennes et l’inflexibilité de l’opposition ».
Or, l’accord annoncé, dimanche 21 novembre, comporte des zones d’ombre. Certes, il prend comme cadre de référence la déclaration constitutionnelle signée au début de la transition, mais prévoit que ce texte devra être amendé. D’où le scepticisme d’une partie des Soudanais. Ce pas rapprochant le Soudan d’un retour à des autorités de transition n’a toutefois pas altéré la mobilisation de la rue. Il a même été rejeté par certaines parties, comme les Forces de la Liberté et du Changement (FLC) et l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la révolte de 2019. Et pour ajouter à l’imbroglio, le parti Oumma, dont est pourtant issu Fadlallah Burma qui a annoncé l’accord, a affirmé « refuser tout accord politique qui ne s’attaque pas aux racines de la crise ».
Que va-t-il se passer maintenant? La crise est-elle désamorcée? Pas si sûr, estiment les analystes. « Le retour de Hamdok peut apaiser et satisfaire la communauté internationale, mais pas l’opposition soudanaise et les protestataires. Ces derniers revendiquent une vraie réforme économique pour sauver le pays. Depuis le début de la transition, le peuple attend l’application des réformes, mais rien n’a vu le jour », estime Dr Mona Soliman. Et de conclure: « Le retour du premier ministre ne règlera pas la crise, car il ne s’attaque pas à ses racines. Cet accord va calmer la situation, momentanément seulement. La vraie solution est de mettre en place un véritable plan de réforme économique et politique et de commencer à l’appliquer » .
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