Dessie, une ville stratégique en région Amhara, voisine du Tigré. C’est là que se déroule une nouvelle bataille entre l’armée fédérale éthiopienne et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui se combattent depuis un an. Bien que la bataille ne soit pas tranchée, le TPLF a annoncé sa victoire. « Dessie est sous le contrôle total de nos forces », a affirmé, samedi 30 octobre, Kindeya Gebrehiwot, porte-parole des rebelles du Front. Ils ont aussi dit contrôler une autre ville stratégique, Kombolcha. Des affirmations aussitôt démenties par le gouvernement. « Les forces armées sur le front continueront de nettoyer le groupe de terroristes », a indiqué, dimanche 31 octobre, un communiqué des communications militaires éthiopiennes. Appelant les citoyens à agir et s’intervenir dans cette bataille, un responsable du gouvernement éthiopien a appelé ses concitoyens « pour défendre leurs terres et se mobiliser pour la bataille à la région Amhara, où se trouve Dessie », et l’administration centrale de la région Amhara a « appelé tous les citoyens de la région qui ont habilité au combat à s’enregistrer ».
Le scénario est donc le même depuis le début du conflit, avec des informations contradictoires de part et d’autre, mais aussi, une quasi-impossibilité de les vérifier. La plus grande partie du nord de l’Ethiopie est interdite aux journalistes, rendant pratiquement impossible une vérification indépendante des informations transmises par les deux parties.
Préoccupé par l’expansion des combats dans le nord de l’Ethiopie, Washington a appelé, samedi 30 octobre dans un communiqué, les rebelles du Tigré à « stopper leurs avancées ». Mais Washington n’a pas adressé d’autre appel aux forces de l’armée qui, depuis deux semaines, mènent des frappes aériennes contre la région du Tigré.
La bataille de Dessie intervient alors que le Tigré subit ces deux dernières semaines des bombardements aériens quasi quotidiens de l’aviation éthiopienne visant, selon Addis-Abeba, des infrastructures militaires des rebelles tigréens. Selon le TPLF, ces bombardements ont visé des zones civiles. Des sources hospitalières à Mekele, la capitale du Tigré, ont fait état d’une dizaine de morts, et les Nations-Unies ont rapporté 3 victimes le 18 octobre. Les hostilités ont provoqué de nombreux déplacements de populations et, selon les Nations-Unies, placé quelque 400 000 personnes au bord de l’état de famine. De même, les grandes organisations humanitaires dénoncent régulièrement les entraves à l’acheminement de l’aide au Tigré, soumise à ce que l’Onu qualifie de « blocus de facto ».
Le gouvernement du premier ministre, Abiy Ahmed, est confronté depuis 11 mois à un conflit dévastateur dans la région septentrionale du Tigré. Le 4 novembre 2020, Abiy Ahmed a envoyé l’armée pour chasser les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qu’il accuse d’avoir orchestré des attaques contre des bases militaires.
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