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Nouvelle phase d’incertitude au Mali

Maha Salem avec agences, Lundi, 31 mai 2021

Après avoir écarté les leaders de la transition, le colonel Assimi Goïta a été déclaré président de transition du Mali. La communauté internatio­nale s’insurge.

Le Mali est à nouveau plongé toujours dans le chaos. Tout à commencer la semaine dernière, quand l’ancien com­mandant de bataillon des forces spé­ciales Assimi Goïta a écarté le président Bah Ndaw et le premier ministre Moctar Ouane, cautions civiles de la transition ouverte après le putsch d’août 2020, censée ramener des civils au pouvoir début 2022. Ce qui a été qualifié de « coup d’Etat dans le coup d’Etat », qui avait renversé Ibrahim Boubacar Keïta. Goïta les a accusés d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu’il était vice-président en charge des questions de défense et de sécurité. Leur mise à l’écart a ensuite été présen­tée comme une démission. Les deux hommes ont été relâchés depuis mais ne se sont pas exprimés publiquement. Soutenant Goïta, la Cour constitution­nelle malienne l’a déclaré, vendredi 28 mai, chef de l’Etat et président de transi­tion du pays. Il occupera ces fonctions jusqu’au terme de la transition.

Un nouveau défi dans ce pays crucial pour la stabilité du Sahel, confronté notamment à la propagation du djiha­disme. En première réaction, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) réunis en sommet extraordinaire, dimanche 29 mai, ont décidé de suspendre le Mali. Ils récla­ment la nomination « immédiate » d’un nouveau premier ministre issu de la société civile et « exigent » la libération « immédiate » des anciens président et premier ministre de transition. Les deux anciens dirigeants sont rentrés chez eux, mais sont assignés à résidence, dit la Cédéao. L’organisation réaffirme la nécessité que la transition ouverte après le premier coup d’Etat d’août 2020, et censée ramener les civils au pouvoir, soit limitée à 18 mois. « La suspension de la Cédéao prend effet immédiatement jusqu’à la date limite de fin février 2022, date à laquelle ils sont censés passer le relais à un gouvernement démocratiquement élu », a déclaré Shirley Ayorkor Botchwey, la ministre ghanéenne des Affaires étrangères. Cependant la Cédéao est restée silen­cieuse sur la désignation du colonel Goïta comme président et n’a pas récla­mé le rétablissement des ex-président et premier ministre dans leurs fonctions.

Sur le plan international, le président français, Emmanuel Macron, a affirmé que la France retirerait ses troupes si le Mali allait « dans le sens » d’un isla­misme radical. La France, avec environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, soutient le Mali qui fait face depuis 2012 à une poussée djihadiste dans le nord et ayant plongé le pays dans une crise sécuritaire avant de s’étendre au centre du pays. D’ailleurs, les Etats-Unis ont suspendu leur aide militaire. L’Union européenne et le Conseil de sécurité menacent d’imposer des sanc­tions et un embargo sur le pays. Réuni en urgence, le 26 mai, le Conseil de sécurité a réclamé une « reprise immé­diate » de la transition, sans pour autant s’accorder sur la mise en place de mesures concrètes .

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