Le dossier malien et les tentatives pour chercher des solutions à la crise du nord n’en finissent pas. Une récente initiative est venue de la France, qui a fait circuler jeudi dernier deux résolutions au Conseil de sécurité de l’Onu. « Nous devons agir au Mali parce que le nord est devenu un pôle pour les groupes terroristes et que cela effraie non seulement le Mali, mais toute la région », a annoncé jeudi l’ambassadeur français à l’Onu, Gérard Araud, en expliquant que le texte présenté par son pays est une réponse politique et militaire à la crise malienne.
En fait, la première résolution proposée et qui doit être votée dans les tous prochains jours concerne le volet politique de la crise. Il s’agit d’appeler les groupes armés au nord du Mali à se dissocier du terrorisme et à entrer en négociations avec le pouvoir politique à Bamako sous peine de sanctions internationales. Cette résolution, qui vise particulièrement les groupes touaregs, va permettre de fixer le cadre politique indispensable à une résolution de la crise et permet aussi de rassurer ceux qui prônent des négociations avant toute intervention. Selon un diplomate français, la rédaction de cette résolution politique est aussi tactique. « Il fallait aller vite et ne pas laisser de vide après la dynamique enclenche à New York », confie le diplomate.
Pour la deuxième initiative, elle consiste à autoriser l’envoi d’une force internationale au Mali et de formateurs militaires pour aider à reconstruire l’armée malienne. « Nous devons reconstruire l’armée malienne et rappeler à la Cédéao qu’il nous faut, dès que possible, un concept d’opération accepté par le Mali et par les membres de la Cédéao », a souligné l’ambassadeur. En effet, c’est Bamako qui a demandé officiellement à l’Onu un mandat pour une « force militaire internationale »,avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à reconquérir le nord du pays contrôlé par des extrémistes islamiques.
Au final, c’est l’armée malienne qui devra reconquérir le nord avec le soutien de cette force. Ce feu vert sera donné dans 30 jours, à condition que la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest) présente un plan militaire crédible et un budget acceptable. Par ailleurs, ce plan n’est, en effet, toujours pas prêt. La Cédéao n’a notamment ni clarifié la composition de la force, ni présenté un financement acceptable. Or, sans concept clair, l’Onu ne donnera pas son feu vert au déploiement d’une force africaine. De sa part, le président de la France, François Hollande, a estimé vendredi dernier que la résolution de la France visant à préparer le terrain pour un feu vert ultérieur de l’Onu à une intervention militaire au Mali, ne rencontrerait aucun obstacle. « Il y a des pays qui peuvent être réticents, mais ils ne sont pas ceux qui vont au Conseil de sécurité faire obstacle, puisque nul ne fera obstacle », a insisté Hollande, interrogé par la presse en marge d’un sommet à Malte. Et d’ajouter : « L’intervention doit être menée et organisée par la Cédéao et l’Union africaine ». Le chef d’Etat français avait déclaré à la tribune de l’Onu que la situation dans le nord du Mali était « insupportable et inacceptable » et qu’il « fallait que le terrorisme soit écarté de cette zone du Sahel ».
En fait, après le coup d’Etat en mars dernier, des groupes armés ont profité de l’instabilité et de la faiblesse de l’armée pour mettre les mains sur le nord du pays. Les groupes armés Ansar Dine, liés à Aqmi, la branche d’Al-Qaëda au Maghreb islamique, ont pu écarter les autres groupes touaregs et par suite, contrôler toutes les villes du nord.
En outre, selon des diplomates, l’obtention d’une résolution donnant effectivement un mandat de l’Onu prendra du temps. « Il faudra encore beaucoup de discussions entre les membres du Conseil eux-mêmes avant de pouvoir (en) discuter avec la Cédéao », avait estimé Gert Rosenthal, l’ambassadeur du Guatemala, qui préside le Conseil en octobre. Il avait prévu une autre réunion, au moins en octobre, sur ce dossier en énumérant toutes les questions non résolues : « Qui fait quoi ? Quelle est l’ampleur de l’opération ? Quelles en sont les implications budgétaires ? », explique-t-il. Par ailleurs, une réunion avec la Cédéao, l’Union africaine et l’Union européenne sera tenue le 19 octobre prochain, à Bamako, pour pouvoir trancher la question .
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