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L’Afrique de l’Est au coeur des convoitises internationales

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 14 mars 2021

Quelles sont les orientations de la nouvelle politique américaine en Afrique de l’Est? La question a été largement discutée par un panel d’experts lors d’un webinaire organisé la semaine dernière par la Fondation Kemett Boutros-Ghali pour la paix et la connaissance. Tour d’horizon.

Que peut-on attendre de la nou­velle Administration améri­caine envers l’Afrique de l’Est ? Quels sont les nouveaux alliés de Washington, ses rivaux au conti­nent et dans cette zone? Quel sera l’impact d’éventuels changements sur la région? Autant de questions qui ont été discutées par un groupe d’experts de politiques et d’intel­lectuels lors d’un webinaire orga­nisé le mardi 9 mars par la Fondation Kemett Boutros-Ghali. « Ce webinaire s’inscrit dans le cadre d’une série d’activités que la Fondation organise en reconnais­sance et conviction de la vision du Dr Boutros Boutros-Ghali sur la nécessité de prêter attention au continent africain », a indiqué l’ambassadrice Leila Ahmed Bahaa El-Din, directrice exécutive de la Fondation à l’ouverture du sémi­naire. « Bien que l’Afrique de l’Est, une zone extrêmement pauvre, souffre d’une série de conflits, de crises et de l’ingérence de diffé­rentes parties étrangères, elle jouit d’une importance stratégique, sur­tout pour le commerce mondial, et d’une richesse en ressources natu­relles, c’est pourquoi elle est au coeur des intérêts internationaux », explique Mohamad Fayeq, prési­dent du Conseil des droits de l’homme, et l'un des participants au webinaire. Ce dernier a insisté sur un point de convergence entre les puissances internationales au sujet de cette région: la nécessité de sécuriser la navigation en mer Rouge. « C’est la pierre angulaire de la concurrence régionale et internationale, par où passent 20% du commerce mondial et 30% du gaz liquéfié » ; un empla­cement extrêmement important du point de vue stratégique, explique Amr Moussa, ancien secrétaire général de la Ligue arabe et ancien ministre égyptien des Affaires étrangères. Selon lui, si le nouveau président américain n’a pas dévoilé sa politique envers cette région, la vision selon laquelle Washington compte se désengager de l’Afrique en faveur de l’Asie ne s’applique pas à la Corne de l’Afrique, juste­ment en raison de son importance dans le bras de fer opposant Washington à Pékin. « La priorité de Washington dans cette région est d’affronter la Chine dans des domaines stratégiques et de déve­loppement », explique Moussa, en ajoutant que la politique améri­caine prend conscience de l’impor­tance de cette région. « On prévoit donc d’importants projets améri­cains », estime Moussa. En fait, la Chine est l’une des puissances les plus impliquées en Afrique, surtout avec son projet « La Ceinture et la Route ». En outre, l’existence de bases militaires américaines, chinoises, turques et d’autres accentuent la concurrence entre les grandes puissances dans cette zone. Selon Moussa, cette concurrence peut être une source de crises et non de stabilité « comme c’est le cas au Proche-Orient », dit-il, espérant que les Africains sauront s’en distancier.

Pour Dr Amani Abou-Zeid, com­missaire de l’Union africaine pour les infrastructures, l’énergie, l’in­formatique et le tourisme, il existe une nouvelle orientation américaine envers le continent. « Washington cherche à nouveau à travailler avec l’Union africaine. De plus, le prési­dent américain envisage de nommer un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique », indique-t-elle, en ajou­tant que le président Joe Biden a adressé un discours au récent som­met africain, dans lequel il a souli­gné l’intérêt de son Administration pour les institutions démocratiques, les droits de l’homme, les femmes, l’intégration des personnes souf­frant d’un handicap et des diffé­rentes ethnies.

Abou-Zeid estime en outre que la cybersécurité, l’économie numé­rique et le développement sont les questions-clés sur lesquelles tous les pays africains doivent travailler. « Il est nécessaire d’accorder une attention particulière à la cybersé­curité, en particulier dans les rela­tions de l’Union africaine avec la Chine, et dans les questions des méga-données ». Aussi, d’après elle, si cette région enregistre des taux de développement impression­nants, elle nécessite un examen et une étude des conditions écono­miques dans la période à venir. « Les besoins de la région sont importants, mais les conflits internes et les conflits entre les pays entravent le vrai développe­ment. Or, ce processus de dévelop­pement est d’autant plus nécessaire qu’il est urgent de redistribuer les richesses de manière plus équi­table », conclut-elle .

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