Près d’un an après la mise en place du gouvernement de transition, né après le soulèvement qui a conduit à la chute de l’ancien président soudanais, Omar Al-Béchir, le Soudan est de nouveau la proie à des tensions. Face à la reprise des manifestations, le premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, tente des gestes d’apaisement. Il a annoncé jeudi 9 juillet, après une réunion extraordinaire au conseil ministériel, un remaniement du gouvernement de transition. Un remaniement qui voit le départ de sept ministres importants, dont les Affaires étrangères et les Finances, dont la sortie constitue une surprise : ces derniers mois, il s’était attelé à mettre en oeuvre son plan de relance économique pour le pays. Pour ce faire, il avait multiplié les opérations visant à mobiliser un financement des bailleurs de fonds étrangers pour aider le Soudan à se relever. Début juillet déjà, le premier ministre avait limogé plusieurs postes-clés, dont le chef de la police soudanaise et son adjoint, considérés par les militants pro-démocratie comme proches du régime de Béchir. Des décisions intervenues suite à la reprise des manifestations. Mobilisés par l’Association professionnelle soudanaise, qui regroupe les syndicats de l’opposition et a été à l’origine du mouvement qui a mis fin au régime de Béchir en avril 2019, les manifestants sont descendus dans les rues la semaine dernière pour revendiquer des réformes réelles, et pour rappeler aux autorités que leur situation n’a pas changé et qu’elles n’ont pas tenu leurs promesses.
Mais la mission des nouveaux ministres est difficile, estime Dr Mona Solimane, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. « Les conditions économiques, principal souci des manifestants, restent difficiles. Et, en cette période critique, le pays a besoin de ministres compétents, notamment sur le plan économique, le pays a besoin d’un plan de relance sérieux », explique Mona Solimane, qui note un point positif, le fait que les Etats-Unis ont allégé les pressions sur le Soudan, et qu’une levée de l’embargo est possible. « Mais des réformes politiques, économiques et sociales sont nécessaires », ajoute-t-elle.
Outre les revendications économiques, le gouvernement tente de satisfaire les revendications sociales. Dimanche 12 juillet, le ministre de la Justice, Nasredeen Abdulbari, a annoncé l’abandon de « toutes les lois violant les droits de l’homme au Soudan ». Les flagellations publiques, les mutilations d’organes génitaux féminins et le crime d’apostasie sont désormais interdits. « Jusque-là, la charia était appliquée au Soudan, le gouvernement tente petit à petit à se diriger vers un régime civil », explique l’analyste.
Mais ce gouvernement, chargé d’assurer la transition vers un régime civil, fait aussi face à plusieurs autres défis : négocier avec les groupes rebelles du Darfour, du Kordofan du Sud et du Nil Bleu pour pacifier l’ensemble du pays, mais aussi gérer l’épineux dossier du barrage de la Renaissance.
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