
L'instabilité, surtout à l'est, a poussé des milliers de Congolais à fuir en Ouganda, pays frontalier.
«
76 partis de l’opposition congolaise ont rejeté cette semaine les concertations nationales annoncées par le chef d’Etat Joseph Kabila », affirme un communiqué commun publié le 12 juillet. Les principaux partis d’opposition en République Démocratique du Congo (RDC) tels que l’Union pour la démocratie et le progrès social, le Mouvement pour la libération du Congo et plusieurs dizaines d’autres se sont réunis en «
conclave » du 6 au 11 juillet à Kinshasa. Ils ont rejeté la proposition présidentielle.
Ils lui reprochent de ne pas correspondre à la recommandation des Nations-Unies faite aux autorités congolaises pour organiser un dialogue politique transparent entre tous les acteurs politiques du pays.
Le chef d’Etat avait annoncé le 26 juin ces rencontres en précisant qu’elles sont destinées à « rétablir davantage la cohésion nationale pour consolider l’unité nationale et mettre fin aux cycles de violence à l’est du pays ».
Ces rencontres devaient porter sur la gouvernance, l’économie, le désarmement, les conflits communautaires et la décentralisation. L’organisation de ces rencontres a été confiée aux présidents des deux Chambres du Parlement, considérés comme proches du pouvoir.
Mais l’opposition souhaite notamment que tous les sujets soient abordés, dont les violations des droits de l’homme, les viols et les violences à l’encontre des femmes, l’enrôlement des enfants soldats, le pillage et le bradage des ressources naturelles, la formation d’une armée nationale républicaine et moderne, la légitimité des institutions et la corruption.
Le M23 au coeur du problème
En décembre dernier, Kabila avait évoqué pour la première fois ce dialogue national alors que les mutins du M23 avaient pris la capitale du Nord-Kivu, Goma, avant de s’en retirer. Ce retrait avait été obtenu par pression internationale et en échange de négociations avec Kampala, afin d’obtenir l’application totale de l’accord de 2009 pour la paix au Kivu.
Si Joseph Kabila désirait un sursaut national contre le M23, l’opposition veut, elle, un sursaut national contre la mainmise sur le pouvoir du camp kabiliste.
Selon les opposants, la crise causée par le M23 est le résultat de la mauvaise gouvernance, en général, et de l’absence de légitimité des institutions issues des élections présidentielle et législative de 2011, jugées non crédibles par les observateurs nationaux et internationaux. Autre point sensible : les violences qui font rage depuis plusieurs mois au Katanga.
Car malgré des progrès notables dans les chiffres économiques, le malaise persiste. « On ne peut éviter de parler de la restructuration de l’armée quand nos chefs militaires ne font que perdre la guerre. Il faut aussi parler des élections de 2011 pour éviter une répétition de cet échec déstabilisateur », a déclaré Clément Kanku, de la coalition d’opposition Union pour la nation.
L’Onu demandée comme « témoin »
Pour sortir du tunnel, l’opposition a demandé l’organisation d’une rencontre avec le pouvoir sous l’égide des Nations-Unies. Elle exige que Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations-Unies, soit le « témoin » de cette concertation et que le chef d’Etat voisin, le président congolais Denis Sassou Nguesso, en soit le « facilitateur ».
Elle demande également que le nouveau président de la commission électorale indépendante, l’abbé Appolinaire Malumalu, considéré comme proche du chef d’Etat, soit récusé et que « la crise de légitimité » née de la contestation des dernières élections soit prise en considération.
30 000 réfugiés depuis le 11 juillet
En raison de l’état d’instabilité, plus de 30 000 Congolais fuyant les attaques des rebelles ougandais dans l’est de la RDC se sont réfugiés en Ouganda depuis jeudi 11 juillet, a annoncé une responsable des Nations-Unies.
Une foule de réfugiés a traversé la frontière vers le district de Bundibugyo (ouest de l’Ouganda) depuis l’attaque, jeudi, des rebelles ougandais des Forces alliées démocratiques (ADF-Nalu) qui ont brièvement occupé la localité de Kamango, dans la province congolaise du Nord-Kivu.
« J’ai pris mes enfants et tout ce que je pouvais porter, et nous avons couru en direction de l’Ouganda. Nous avions très peur d’être tués », a raconté une femme à l’AFP.
Richard Nsubuga, de la Croix-Rouge ougandaise, a assuré qu’il travaillait à prendre en charge les milliers d’arrivants, les réfugiés installant leurs tentes sur le terrain d’une école.
« Les gens dorment en plein air, car les écoles sont déjà pleines de réfugiés », a-t-il déclaré.
Des habitants de Kamango ont affirmé que des bâtiments publics et un hôpital avaient été pillés, sans donner d’estimation sur le nombre de victimes possibles.
Lien court: