Selon l'UA, la suspension de la participation de l'Egypte est en place jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel.
« Le Conseil réitère la condamnation et le rejet par l’UA de toute prise illégale du pouvoir », a déclaré le secrétaire du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’UA, Admore Kambudzi, ceci à la suite de la décision du Conseil, le vendredi 5 juillet, de suspendre la participation de l’Egypte aux activités de l’UA. Il a ajouté que le renversement le jeudi 3 juillet, du président Mohamad Morsi démocratiquement élu, n’obéissait pas aux dispositions pertinentes de la Constitution égyptienne et correspondait donc à la définition du changement inconstitutionnel de pouvoir. Mais selon les règles de l’UA, cette mesure est en place jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.
Du côté égyptien, l’ambassadeur auprès de l’UA, Mohamed Edrees, avait tenté de convaincre le CPS de ne pas suspendre son pays, arguant que l’armée n’avait fait que répondre à l’appel du peuple égyptien et que le renversement de Mohamad Morsi n’était que la suite de la révolution populaire ayant chassé l’ancien président Hosni Moubarak du pouvoir en février 2011. L’Egypte n’avait alors pas été suspendue de l’UA. « Depuis le début le Printemps arabe pose un défi à (...) l’Union africaine. L’UA, à l’époque (du renversement de Hosni Moubarak), avait décidé que ce qui s’est passé en Egypte était une révolution populaire et devait donc être traité en conséquence », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Le renversement de Mohamad Morsi est une nouvelle phase de ce qui s’est passé auparavant et mérite le même traitement ».
En fait, des millions d’Egyptiens avaient manifesté le 30 juin pour demander le départ de Morsi et la tenue d’élections présidentielles anticipées, tandis que les partisans de l’ancien président égyptien avaient organisé un rassemblement pour défendre sa légitimité. L’armée a lancé un ultimatum de 48 heures au président pour répondre aux exigences de millions de manifestants, mais celui-ci a déclaré qu’il ne s’engageait qu’à sa propre feuille de route prévoyant la mise en place d’un gouvernement de coalition et l’amendement de la Constitution.
Pendant des années, les relations égypto-africaines n’ont pas été au beau fixe. Si l’Egypte est membre de l’Union africaine, Le Caire n’est plus cette capitale phare du continent qu’elle était par le passé. En décembre 1957, Le Caire organisait la première conférence afro-asiatique. C’est au Caire que s’est tenu le premier sommet de l’OUA en juillet 1964.
Hosni Moubarak, quant à lui, a accueilli au Caire le sommet de juin 1993 et a présidé l’OUA en 1993-1994. Quand l’OUA a cédé sa place à l’UA, Moubarak a accueilli le XIe sommet de l’organisation à Charm Al-Cheikh le 30 juin 2008. Il participera aussi à des sommets France-Afrique. L’Egypte, et on a tendance à l’oublier, a été membre fondateur du NEPAD aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, du Nigeria et du Sénégal. Les relations entre l’Egypte et l’Afrique ont été sujettes à une grande crise après la tentative d’attentat dont Moubarak a été la cible au printemps 1995 alors qu’il se rendait à Addis-Abeba. Il cessera d’ailleurs de participer aux sommets de l’UA. L’accession au pouvoir de Mohamad Morsi, président issu du groupe des Frères musulmans, devait selon les observateurs ouvrir une nouvelle phase. Morsi a tenté de renforcer les relations avec l’Afrique et a effectué des tournées dans plusieurs pays africains. Il a notamment assisté au dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba. Lors de ses interventions publiques, il souligne que l’absence d’un siège permanent pour l’Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies est une « injustice historique ». Mais l’affaire du barrage de la Renaissance a donné lieu à une nouvelle crise entre l’Egypte et l’Ethiopie. Les deux pays se sont livrés à une guerre verbale après la décision d’Addis-Abeba de construire un barrage sur le Nil Bleu.
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