Le bras de fer se poursuit entre les partisans du président Félix Tshisekedi (à gauche) et ceux de son prédécesseur Joseph Kabila (à droite). (Photo : Reuters)
Six mois après la présidentielle, Alexis Thambwe Mwamba, ancien ministre de la Justice, a été élu président du Sénat de la République Démocratique du Congo (RDC) au cours de la plénière organisée samedi 27 juillet. Le candidat du Front commun pour le Congo, plateforme de l’ancien président Joseph Kabila, a réuni 65 voix sur les 108 votants, il a battu donc Modeste Bahati, dissident de la même plateforme et qui a raflé 43 voix. « Permettez-moi donc, distingués collègues, d’adresser mes sincères remerciements, en premier lieu, à l’Autorité morale de ma famille politique. J’ai cité le président Joseph Kabila Kabange qui a placé sa confiance en ma modeste personne, en me désignant comme candidat président du Sénat ». C’est en ces termes qu’Alexis Thambwe Mwamba a introduit son discours à la présidence du bureau du Sénat, samedi 27 juillet, des paroles qui montrent qu’il reste fidèle au front de Joseph Kabila.
Ultramajoritaire, le Front Commun pour le Congo (FCC) et ses cadres attendaient pas moins de 80 votes sur les 109 que compte la Chambre haute du parlement congolais. Mais le FCC prouve que sa majorité reste factice et aura du mal à terminer ce mandat sans difficulté, alors que la gestion de Kabila, déjà en difficulté dans la formation du gouvernement face à Félix Tshisekedi, est de plus en plus remise en cause. Les prochains jours risquent d’être tendus pour le FCC. Le choix du nouveau président de Sénat va aggraver la tension déjà présente depuis l’annonce des noms des candidats. L’escalade a commencé mardi 23 juillet, lorsque des jeunes du tenu parti du président Tshisekedi, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ont annoncé une marche contre la candidature de l’ancien ministre de la Justice, Alexis Thambwe, considéré comme un dur de l’ancien régime, à la présidence du Sénat. « Nous ne voulons plus voir les mêmes visages diriger les institutions du pays ou figurer dans l’équipe gouvernementale », avait déclaré lors d’une conférence de presse Fils Mukoko, l’un des porte-parole des jeunes de l’UDPS. En réaction, les jeunes pro-Kabila, les bérets rouges, ont promis eux aussi d’organiser, ce même lundi 22 juillet, une contremarche pour soutenir la candidature de l’ancien garde des sceaux à la présidence du Sénat. Mais l’autorité a interdit ses marches d’aspect politique.
Pourtant, et afin d’apaiser ses craintes, Mwamba entend faire de cette chambre « une chambre des sages qui garantissent l’équilibre du pouvoir, indispensable au fonctionnement démocratique de la République. Le Sénat est le garant de l’équilibre ainsi que de l’administration du territoire et des services publics de nos provinces », a-t-il déclaré. « Un contre-pouvoir exigeant qui va nous obliger à nous opposer avec discernement, sans les effets de postures partisanes, aux artifices de communication et aux effets de mode qui caricaturent le passé, idéalisent le présent et feraient croire que l’on passe de l’ombre à la lumière, de l’ancien monde au nouveau monde », a-t-il martelé.
Pour l’ancien ministre de la Justice, pendant son mandat, le Sénat devra incarner « l’efficacité au service de la RDC. Le respect des élus locaux, dont nous sommes les représentants et qui s’engagent au quotidien au service de nos compatriotes, et comme le dit, le veut, le président de la République, au service du peuple », a-t-il promis.
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