« L’Egypte et le développement durable en Afrique : Visions et mécanismes d’activation », tel est le thème d’une conférence organisée du 22 au 24 avril à la faculté des études africaines de l’Université du Caire. Cette rencontre, tenue sous les auspices du président Abdel-Fattah Al-Sissi et qui a vu la participation d’un certain nombre de responsables et d’ambassadeurs africains ainsi que de 150 chercheurs et experts, a abordé plusieurs sujets ayant trait au développement, à l’intégration régionale, aux partenariats et aux défis qu’affrontent les Africains. Elle a mis également l’accent sur la coopération Sud-Sud, les relations politiques et économiques afro-égyptiennes, les questions de bonne gouvernance, des droits de l’homme en Afrique, les questions d’identité et de patrimoine culturel. 138 recherches scientifiques dans différents sujets concernant le continent ont été présentées lors de cette rencontre africaine. La conférence s’est achevée sur un certain nombre de recommandations, dont la décision de traduire vers le français, l’anglais et le swahili, l’ensemble des travaux de recherche présentés au cours de la conférence, et leur transmission à l’Union Africaine (UA).
« Le but de la conférence est notamment d’apporter une contribution au développement et de discuter des moyens de réaliser la sécurité et la paix dans le continent, ceci dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’UA », a indiqué Mohamad Ali Nofal, doyen de la faculté, considérée comme l’une des plus importantes institutions de recherches africaines au Proche-Orient.
Adopté lors de la 24e session ordinaire de la Conférence de l’UA en janvier 2015, l’Agenda 2063 est à la fois une vision et un plan d’action qui doit permettre à l’Afrique de rester concentrée et engagée envers les idéaux qu’elle s’est fixés. L’Agenda 2063 repose donc sur le panafricanisme, le sens de l’unité, le commerce intra-africain, la démocratie et la parité, l’intégration, la solidarité des peuples africains et le développement durable. Il fournit un cadre solide pour la réparation des injustices passées et la reconnaissance du XXIe siècle comme le siècle africain. Et l’Egypte, en tant que président de l’UA en 2019, donne une priorité à tout ce qui concerne les objectifs de l’Agenda de développement. « Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la volonté égyptienne à renforcer les liens fraternels et la coopération avec les pays africains à tous les niveaux dans le contexte de la présidence de l’Egypte de l’UA en 2019 », a affirmé le président de l’Université du Caire, Mohamad Osmane Al-Khocht, tout en soulignant l’intérêt que porte l’Egypte à l’établissement de partenariats solides avec les pays africains pour servir le développement durable et les intérêts du continent.
Eviter les conséquences néfastes des conflits
Mais les défis qu’affrontent les Africains dans leur plan de développement sont multiples. Le premier d’entre eux est sans aucun doute les conflits. « L’intégration africaine ne peut être réalisée sans l’instauration de la paix et de la sécurité en Afrique », a expliqué l’ambassadeur Abou-Bakr Hefni, vice-ministre des Affaires étrangères pour l’Afrique, lors d’une table ronde tenue à l’occasion de la conférence et présidée par Mohamad Aboul-Enein, ex-doyen de la faculté des études africaines. Au cours de cette table ronde à laquelle ont participé plusieurs responsables égyptiens et africains, il a été question des effets négatifs des conflits politiques interafricains. La question du Sahara occidental a été notamment discutée. Pour l’ambassadeur Abou-Bakr Hefni, de tels conflits doivent être réglés dans un cadre arabe pour ne pas perturber le chemin de développement et briser l’unité entre les différents pays africains. « Sauf la question palestinienne qui doit avoir une dimension mondiale. L’Afrique doit avoir une seule voix », a toutefois insisté Aboul-Enein, en critiquant le fait que la Palestine n’a pas pu obtenir toutes les voix africaines dans les différents votes aux Nations-Unies.
Outre les questions politiques, certains, comme l’ambassadeur du Cameroun, Dr Mohamadou Labarang, ont mis l’accent sur le volet économique. Selon ce dernier, les relations africaines doivent se concentrer au premier lieu sur le côté économique pour éviter les conséquences néfastes des différends politiques qui entravent le développement et la vraie intégration interafricaine. Donner une priorité au secteur privé et l’encourager est une autre proposition de l’ambassadeur camerounais. En outre et pour arriver à une vraie intégration interafricaine, les participants sont tous mis d’accord sur la nécessité de développer les infrastructures et de faciliter le financement : routes, moyens de transport, banques et institutions de financement régionales, etc.
Plus de coopération arabo-africaine
Le développement passe aussi par le fait de fournir des fonds indépendants. « Des décisions africaines indépendantes sont importantes pour atteindre les objectifs du développement durable sur le continent, ce qui nécessite également la mise à disposition d’auto-ressources pour financer les projets en dehors des aides étrangères », estime Abou-Bakr. En fait, l’UA, cette institution panafricaine, reste largement dépendante des aides étrangères. Pourtant selon Aboul-Enein, une avancée vers plus d’indépendance africaine financière est en cours. « L’UA a classifié les versements des pays africains en trois catégories, selon les sources et les revenus de chaque pays, pour que tout le monde puisse payer une contribution à l’UA, chacun selon ses capacités », explique l’ex-doyen. Les participants se sont tous mis d’accord sur la nécessité de la coopération économique arabe dans le continent, d’autant plus que des pays comme la Chine ont réussi à s’implanter largement en Afrique, à tel point que certains parlent de néocolonialisme économique. « On ne peut pas arrêter les investissements étrangers, mais on peut encourager et tenter d’orienter les capitaux arabes vers le continent surtout qu’il existe actuellement une véritable intention arabe de coopérer avec les pays africains », conclut Aboul-Enein.
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