Les Soudanais manifestent chaque jour pour que le régime réalise leurs revendications. (Photo : Reuters)
C’est la première fois depuis le mouvement de contestation, le 19 décembre dernier, que des rassemblements pro-régime soient prévus ce mercredi 9 janvier. Ils se tiennent en réponse aux manifestations quotidiennes qui se poursuivent dans différentes villes du Soudan et qui prennent de plus en plus l’aspect de mouvement contre le régime du président Omar Al-Béchir, alors qu’elles avaient été initialement déclenchées pour des raisons économiques, suite à la hausse du prix du pain, et plus généralement, à cause du marasme économique.
En effet, depuis la scission du Soudan du Sud en 2011, le pays est amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole et confronté à une inflation de près de 70 % par an et à une grave crise monétaire. Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant. Le manque important de devises étrangères a notamment compliqué l’importation de certains médicaments par les entreprises pharmaceutiques soudanaises. Et malgré la levée des sanctions et de l’embargo commercial américain en octobre 2017, la situation ne s’est pas améliorée. « Il était prévisible que des manifestations aient eu lieu dans ce pays en proie à une crise socioéconomique aiguë, en plus d’une crise politique. Il est vrai que l’élément déclencheur est le prix du pain, mais les raisons profondes sont nombreuses, notamment les rumeurs sur un amendement constitutionnel qui permettrait à Béchir de se représenter à la présidentielle en 2020, mais il doit à présent reconsidérer cela », explique Dr Sameh Rached, directeur de rédaction de la revue Al-Siyassa Al-Dawliya (politique internationale).
A cet égard, une vingtaine de formations politiques soudanaises ont appelé à un changement de régime pour pouvoir surmonter la crise économique. La situation ne peut changer « qu’en établissant un nouveau régime dans le pays, qui puisse gagner la confiance du peuple soudanais », estiment ces formations dans un communiqué conjoint en anglais rendu public au cours d’une conférence de presse le 1er janvier à Khartoum. Ces formations, qui ont pris part à un processus de dialogue national lancé par le président Béchir en 2014 pour tenter de régler les problèmes politiques et économiques du Soudan, ont appelé à la mise en place d’un nouveau « gouvernement de transition qui convoquerait des élections pour rétablir la démocratie et les libertés publiques ».
Dans une tentative de contenir la crise, le président Omar Al-Béchir a promis de vraies réformes pour rétablir la démocratie et pour remédier à la crise économique. Par ailleurs, le président Béchir a ordonné la création d’une commission d’enquête sur les violences meurtrières enregistrées au cours des manifestations.
Les longues années de pouvoir de M. Béchir (30 ans) ont été jalonnées de conflits avec le Sud jusqu’à la paix de 2005, et dans d’autres régions, notamment dans celle du Darfour à partir de 2003. Bilan : des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Ces guerres, ainsi que l’incapacité à doper une agriculture qui fut un temps le grenier à blé de l’Afrique, ont conduit à une situation économique désastreuse.
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