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Scrutin décisif à Madagascar

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 13 novembre 2018

Les résultats provisoires de l’élection présidentielle à Madagascar donnent largement l’avantage à deux anciens présidents : Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, qui sont coude à coude. Un second tour est prévu le 19 décembre.

Pauvreté, insécurité, corruption et crises politiques. Tels sont les maux dont souf­frent les citoyens malgaches depuis des années. C’est dans l’espoir d’en finir avec cette situa­tion que des milliers de Malgaches ont voté, mercredi 7 novembre, au premier tour de l’élection présidentielle avec un taux de parti­cipation qui s’établit provisoirement à 47,18 %, un taux en légère hausse par rapport à l’élec­tion présidentielle de 2013. Selon les résultats provisoires publiés vendredi 9 novembre par la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), les deux frères ennemis et anciens chefs de l’Etat malgache, Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, qui sont au coude à coude, sont les favoris du deuxième tour.

Andry Rajoelina obtient 43,5 % des suffrages et Marc Ravalomanana 42,44 %, selon des résultats qui portent sur 147 des 24 852 bureaux de vote. Très loin derrière, en troi­sième position, arrive le président sortant Hery Rajaonarimampianina (2014-2018), qui décroche 5,75 % des voix, a précisé la Céni. Les trois anciens présidents, qui ont déployé des moyens colossaux pendant leur campagne électorale dans un pays extrêmement pauvre, faisaient figure de favoris parmi les 36 candi­dats en lice selon les premiers indices, en attendant les résultats définitifs qui sont prévus dans 15 jours de la date du début de scrutin. Bien que la prudence soit de mise et que les résultats ne soient pas définitifs, la tendance est claire. « Il y a une bipolarisation du vote entre Ravalomanana et Rajoelina », a révélé Marcus Schneider, de la Fondation indépen­dante Friedrich Erbert, interrogé par l’AFP. D’ores et déjà, les deux hommes se disent confiants dans leur victoire. « Les tendances (des premiers résultats) expriment la volonté de changement », a déclaré Andry Rajoelina dans le studio de sa chaîne de télévision Viva, sous les applaudissements à tout rompre de centaines de ses supporters présents sur le pla­teau. « Je suis optimiste et positif », a estimé pour sa part Marc Ravalomanana dans un cli­mat plus sobre. Hery Rajaonarimampianina a, lui, gardé le silence depuis le vote.

Marc Ravalomanana, 68 ans, et Andry Rajoelina, 44 ans, ont déjà occupé la magistra­ture suprême, lors de périodes très instables. Le premier a dirigé la Grande Ile de l’océan Indien de 2002 à 2009, date à laquelle Andry Rajoelina lui a succédé à la suite d’un coup d’Etat, ainsi que l’a qualifié la communauté internationale. Il est resté au pouvoir jusqu’en 2014. L’élection de 2018 a un parfum de revanche pour les deux hommes, interdits de se présenter à la présiden­tielle de fin 2013, une décision imposée par la communauté internationale pour éviter de nou­veaux dérapages. Par ailleurs, avec les chiffres très proches des deux candidats, si personne n’a obtenu 50 % des suffrages, un second tour sera organisé le 19 décembre entre les deux candi­dats arrivés en tête. Mais selon les analystes, une telle hypothèse ferait naître le « danger d’un scénario comparable à celui de 2001-2002 » qui avait débouché sur une crise poli­tico-militaire de sept mois, a ajouté Marcus Schneider. A l’époque, Marc Ravalomanana avait revendiqué la victoire dès le premier tour de la présidentielle, contrairement aux résultats officiels. Des manifestations avaient suivi et fait une centaine de morts.

La crédibilité des résultats du scrutin de cette année est donc essentielle, selon les observa­teurs, d’autant plus que cette élection est consi­dérée comme un test pour la consolidation de la démocratie à Madagascar, ce pays qui, mal­gré ses richesses naturelles (or, saphir, bois de rose, vanille ...), affiche un taux d’extrême pauvreté de 76,2 %, trois quarts des 25 mil­lions d’habitants vivant avec moins de 1,9 dollar par jour. L’île, située dans l’océan Indien, n’a cessé de connaître régulièrement des crises politiques depuis son indépendance en 1960 .

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